Un carnet de revendications

Article paru dans la Lettre aux habitants n° 66, décembre 2010.

La volonté de publier ce document a été un véritable moteur pour entretenir la participation et l’intérêt des habitants durant cette année de travail. L’objectif était d’effectuer un relevé des potentiels du quartier, de les faire valoir auprès des pouvoirs publics concernés mais aussi l’occasion rêvée de poser une série de revendications voire d’exigences.

Des reporters de première ligne

Au fil des réunions et des différentes rencontres sur le terrain, les habitants ont peu à peu élaboré une réflexion engagée sur leur quartier et le devenir de leur cadre de vie. Mais que faire de ce travail ?

Très vite l’idée est devenue évidente d’élargir la démarche, d’aller plus loin que l’échange de points de vue. Il fallait un objectif plus porteur, un outil pour véhiculer les idées jusqu’aux pouvoirs publics.

Pour atteindre leurs cibles et se faire enfin entendre, les habitants ont donc choisi l’écriture. Ils se sont improvisés reporters de terrain, illustrateurs et correcteurs, se sont regroupés dans un comité de rédaction qui est resté ouvert à tous jusqu’à la livraison de la version finalisée de la brochure chez l’imprimeur.

Les comptes-rendus des nombreuses réunions et des marches exploratoires ont fourni la matière pour rédiger les textes de la brochure afin de restituer le plus fidèlement possible la parole des riverains.

Du travail de « pro » comme proximité

Ce livret de 32 pages illustrées de photos récentes offre une belle table des matières qui aborde les thématiques essentielles propres au quartier :

 L’analyse des problèmes liés à la mobilité, tant automobile que ses alternatives (transports en commun, déplacements piétons et cyclistes), sans oublier le stationnement ;

 L’examen de la « structuration » du quartier ;

 L’intégration des nouvelles constructions à l’environnement en veillant à une cohérence dans le bâti. Ce point implique évidemment l’aspect « densification » qui n’est pas une question de pourcentage d’habitants à l’hectare, mais bien d’une capacité d’accueil liée à la qualité de vie.

 L’habitat et les besoins en logements, notamment sociaux, pour peu que cela se fasse dans le respect de l’habitat existant et en veillant à ce que les nouveaux arrivants trouvent un encadrement et des services adaptés à leurs besoins ;

 La biodiversité dans cette zone ayant été jusqu’ici protégée (grâce à l’abandon du projet de construction du Ring Sud, à la suite de l’action menée dans les années septante par l’ACQU et par IEB), il faut profiter de cette situation de fait exceptionnelle pour ne pas bétonner des espaces comme le Keyenbempt, la « promenade verte » ;

 La création d’infrastructures socio-culturelles et économiques (écoles, crèches, commerces de proximité, infrastructures culturelles) n’est pas oubliée afin d’offrir à cette zone une qualité de vie qui attire les habitants plutôt que de les voir fuir (comme c’est actuellement la tendance pour les PME et les commerces). Chaque sujet est abordé par un descriptif de la situation, un constat le plus fidèle possible à la réalité de terrain. Les revendications et suggestions sont traitées, elles, de manière bien distinctes dans des encadrés qui les placent en évidence.

Ainsi la lecture du document peut se faire de manière linéaire mais aussi en choisissant les thématiques ou uniquement les revendications. Le travail réalisé n’a évidemment pas la rigueur d’une étude d’incidences et ne présente aucune analyse technique. Cependant c’est tout de même la réflexion émanant d’experts de terrain, à savoir les habitants. Ils sont en effet les spécialistes de leur quartier. Ils peuvent apporter une finesse d’analyse, du fait de leur connaissance du terrain, que les auteurs de projets, même après de nombreuses études, ne percevront peut-être pas. D’où l’importance de prendre en compte les différents témoignages recueillis « in situ », s’imprégner des lieux, ressentir l’ambiance et les atmosphères.

S’affirmer dans le paysage

Au travers de cette réalisation commune, les participants ont également exprimé très clairement l’attachement à leur quartier, leur désir d’être partie prenante de son devenir et la volonté d’être reconnus comme des interlocuteurs valables et incontournables dans le développement de la zone. Ce besoin de reconnaissance ne s’est pas fait dans un esprit d’opposition totale, même si dans l’ensemble du groupe des personnes désapprouvent encore aujourd’hui fermement certains projets.

La volonté générale était plutôt de proposer des alternatives, de tenter d’infléchir une évolution en cours ou encore d’accompagner un développement le plus positif et le mieux adapté au contexte du quartier. Même si les termes de la brochure sont parfois dans le ton de la revendication et de l’exigence pour certaines thématiques qui posent plus de problèmes, l’intention est surtout d’ouvrir le dialogue et non de donner des directives.

Les habitants sont venus en nombre pour la présentation de la brochure organisée lors d’une conférence de presse sur le site. Le document a été ensuite distribué gracieusement et également envoyé aux différents cabinets concernés par les différentes thématiques abordées (logement, mobilité, environnement) sans oublier bien sûr les différents partenaires locaux et les instances communales.

DENYS RYELANDT ET ISABELLE HOCHART