UN PARKING SOUTERRAIN PLACE VANDER ELST : DANS QUELLES CONDITIONS ?

Le numéro d’octobre 2018 du Wolvendael nous apprend que le Bourgmestre souhaite rendre la place Vander Elst plus conviviale et plus verte et y construire un parking souterrain qui offrirait des emplacements pour les commerçants et riverains du quartier.

Le ministre régional de la Mobilité prendra en charge la réalisation d’une étude de faisabilité, qui sera menée par l’agence régionale « Parking Brussels ».

Dans le projet du Bourgmestre et du Ministre, ce parking offrirait 200 places, tandis que les places existant actuellement en surface (une trentaine, disposées en épis) seraient supprimées.

L’idée n’est pas neuve ; elle a déjà été exprimée à plusieurs reprises. Même l’ACQU y a pensé et l’a suggéré, et oui ! Mais - nuance capitale - dans le cadre d’un réaménagement de la chaussée d’Alsemberg, où le tram 51 est englué dans la circulation automobile. Notre proposition était (La Lettre n°68 de juin 2011) de mettre le tram 51 en site propre entre le Globe et la rue Xavier De Bue en y supprimant les places de parking (une centaine) et de compenser ces suppressions par un parking sous la place Vander Elst. Un projet équilibré qui vise à rendre au tram 51 une partie de son efficacité perdue dans les encombrements.

Et les travaux importants de remplacement des voies de tram sur ce tronçon, annoncés pour l’an prochain, seront une occasion unique pour réaliser ce projet positif pour la mobilité à Uccle.

Mais, à contre-courant des urgences environnementales et de mobilité, les autorités communales ont choisi de privilégier la voiture. Offrir (200 – 30 =) 170 places de stationnement supplémentaires, en plein cœur de notre Commune, sans pour autant en supprimer ailleurs pour faciliter la circulation du tram, revient en fait à inciter davantage les déplacements en voiture et accroître encore les encombrements et la paralysie du 51 ! Voilà qui est en contradiction avec les belles intentions affichées par nos responsables politiques de vouloir limiter les sources de pollution et de paralysie urbaine et rendre la ville plus conviviale ; avec les objectifs avancés par les différents plans de mobilité passés, présents et à venir, (Iris 1, Iris 2, Plan Communal de Mobilité, Good Move..), qui tous annoncent fièrement « d’avoir pour objectif de maîtriser et rationaliser la demande de mobilité ; d’affirmer que le développement des transports en commun demeure la première priorité ; de vouloir réduire la charge du trafic ». Mais comment remplir ces objectifs, en aménageant un parking supplémentaire qui va drainer plus de voitures ?

En réalité, ce choix, dans ce cas précis comme dans d’autres, relève, pour la majorité des hommes et femmes politiques à Uccle, du refus de remettre en cause le partage de l’espace urbain. Actuellement, 70 % de l’espace public bruxellois (voiries, parkings) est dévolu à la voiture, le solde, 30 %, est partagé par les piétons, cyclistes, transports en commun. Plus de 50 % des Bruxellois effectuent la majorité de leurs déplacements en voiture - seule la ville de Rome fait pire- alors que plus de 60 % des déplacements intra-bruxellois en voiture sont inférieurs à 5 km (données de Bruxelles Environnement). C’est dire qu’à Bruxelles et en particulier à Uccle, la voiture a toujours un rôle dominant, malgré de timides et insuffisantes avancées pour une mobilité durable.

C’est à la nouvelle majorité communale que reviendra la responsabilité soit d’entériner le choix d’un parking qui aura pour unique résultat d’offrir plus de places de stationnement au centre d’Uccle, ou au contraire de promouvoir une politique dynamique et cohérente d’amélioration de la mobilité.

François Glorie

3 juillet 2019