Sujet d’actualité : SUR LE SITE DE L’HIPPODROME, LA VALSE DES PERMIS !

L’article paru dans notre Lettre de mars était à peine publié qu’un nouveau rebondissement judiciaire s’est produit : par arrêt rendu en extrême urgence le 16 mai, le Conseil d’Etat (C.E.) a suspendu le permis d’urbanisme (P.U.) délivré le 30 avril précédent par la Région de Bruxelles Capitale pour l’exploitation temporaire (mai-juinjuillet 2019) de « La Terrasse de l’Hippodrome ». Cet arrêt fait l’historique de la délivrance des permis et on ne peut qu’être choqué de constater l’indécence dont fait preuve notre administration régionale :

 le 22 mai 2018 le C.E. a suspendu en extrême urgence le P.U. délivré le 6 mars précédent, puis l’a annulé le 18 janvier 2019 ;
 le 1er juin 2018, toujours en extrême urgence, le C.E. a suspendu le P.U. délivré le 25 mai précédent, avant de l’annuler le 2 avril 2019 ;
 le 23 janvier 2019, le C.E. a suspendu en extrême urgence le P.U. délivré le 6 décembre précédent ;
 le permis du 30 avril 2019 est à peine suspendu par arrêt du 16 mai qu’un nouveau permis est accordé le 23 mai !

Et l’activité continue comme si de rien n’était …
Il faut encore préciser qu’une des décisions a suspendu l’exploitation du vaste parking ; il n’est pas justifié pour un parc récréatif et son usage risquerait de polluer la nappe phréatique. Or, La Terrasse de l’Hippodrome continuant à fonctionner et le public venant évidemment en voiture, il faut bien se garer quelque part … Si des parkings de délestage ont bien été organisés par l’exploitant, le parking sauvage dans les quartiers avoisinants reste de mise comme pour les précédentes éditions festives. Pire, les soirs de fête, le Bois de la Cambre sert de parking officiellement organisé. Ce problème de parking est énorme et on le sait depuis le début ; même en utilisant le parking intérieur du site de l’Hippodrome, l’engorgement chaussée de La Hulpe et aux alentours est total dès qu’un « événement » est organisé … ; les photos prises à ces occasions sont éloquentes.

Ce qui choque, c’est qu’à chaque suspension d’un permis par le Conseil d’État, un nouveau permis est immédiatement demandé et accordé.
Ce qui choque aussi, c’est que les permis temporaires demandés dérogent systématiquement aux permis de base en Urbanisme et en Environnement de Drohme pourtant délivrés après étude d’incidence et rapport d’évaluation sur l’environnement :
 allongement de la plage horaire autorisée initialement pour la musique amplifiée (de 23 à 24 h.),
 doublement du nombre maximal de visiteurs simultanés (de 600 à 1.200 personnes),
 utilisation d’un gros groupe électrogène fonctionnant au diesel,
 nombre d’événements acceptés…

Des riverains et des associations se battent depuis 2015 contre le projet DROH !ME pour plusieurs motifs : les 32,5 ha de l’Hippodrome ne sont pas utilisés principalement comme parc récréatif familial comme initialement prévu, mais surtout pour y organiser des événements festifs et commerciaux. A ces griefs se rajoutent d’inextricables problèmes de mobilité et de nuisances sonores et lumineuses qui portent atteinte à la nature et qui sont dérangeantes pour le voisinage.

On ne peut se défaire de l’impression d’un dossier qui échappe à la réglementation et aux décisions de justice, et ceci avec la bénédiction des pouvoirs publics. Car quel est le sens de délivrer, par exemple, un permis d’environnement fondé sur une étude d’incidences et sur un rapport d’évaluations appropriées s’il suffit ensuite de demander des dérogations particulières que l’administration de l’Environnement délivre sur le champ ?

Le seul recours dont disposent les citoyens est de procéder devant le Conseil d’Etat. Ils le font avec succès mais c’est comme si de rien n’était, comme si on était dans un régime de quasi impunité. N’est-ce pas en définitive ce qui est le plus choquant ?

D.R.

15 janvier 2020