Nous avons rencontré Monsieur Jonathan Biermann, le nouvel échevin de la mobilité.

Article paru dans la Lettre aux Habitants n°76, juin 2013.


Suite aux dernières élections communales d’octobre 2012, la compétence de la mobilité a changé de mains : Monsieur Marc COOLS la cède à Monsieur Jonathan BIERMANN qui détient aussi la compétence sur les travaux.

S’ils sont certes du même parti (le MR), le
Groupe de travail Mobilité de l’ACQU a souhaité rencontrer le nouvel échevin pour
sonder ses intentions et sa sensibilité sur un sujet particulièrement controversé et difficile
à gérer.

C’est pourquoi une entrevue a été sollicitée. Elle a eu lieu le 14 mars 2013.

Monsieur BIERMANN nous a reçu, accompagné parMadame LEKEU de la CelluleMobilité
au sein de l’Administration communale et par Monsieur MISRA, Adjoint au Directeur
Général. L’ACQU était représenté par Alain THIRION, Xavier RETAILLEAU, François GLORIE,
administrateurs, et Enguerrand DAVID, permanent.

L’entretien est présenté ci-dessous. Son texte a été approuvé par Monsieur BIERMANN.

Alain THIRION (AT) rappelle le contexte et l’historique
du Groupe de TravailMobilité qui existe au sein
de l’ACQU depuis 2002. A la fin de la législature précédente,
l’ACQU a organisé un débat public sur le
thème de la mobilité et a rencontré des représentants
de la plupart des partis politiques ucclois.

Lors de ces rencontres,Monsieur COOLS, alors encore
échevin de la mobilité, avait signalé que s’il était reconduit
dans ses fonctions, il était ouvert à l’éventualité
de lancer des projets en collaboration avec
l’ACQU. AT demande à Monsieur BIERMANN (JB) s’il
est prêt à travailler dans ce sens.

JB répond qu’il s’agit de son premier échevinat après
que Marc Cools ait occupé pendant 18 ans le poste
d’échevin de la mobilité. Aussi, il reconnaît ne pas
être (encore) un expert des questions relatives à la
mobilité. Il ne compte d’ailleurs pas développer une
quelconque vision personnelle de la mobilité, du
moins pas dans un premier temps. Son métier d’avocat
lui a appris qu’un « juge » ne peut pas fonder son
arbitrage sur ses propres connaissances ou convictions
personnelles par rapport à une matière donnée.
Il y a suffisamment d’experts en ce domaine pour
produire des analyses. Ceci n’empêche pas qu’il faille
trancher parfois. Ce sera là son rôle.

JB fait remarquer qu’il a réalisé sa campagne électorale
sur une approche du terrain. Il a pu ainsi aborder
directement les attentes et soucis quotidiens des Ucclois.
Pour lui, cette expérience est capitale. Les experts
n’envisagent - eux - des solutions que par rapport à
une vision spécialisée et restreinte d’un problème
donné. La connaissance au quotidien des habitants a
aumoins autant de valeur à ses yeux. Le dialogue avec
la population est d’autant plus important qu’il n’est
pas possible d’avoir partout des agents communaux
pour constater et bien connaître une situation locale.

AT intervient pour préciser que justement la nécessité
de trancher en matière de mobilité se heurte à la
vision individualiste de chaque citoyen qui a tendance
à défendre sa propre vision avec vigueur, selon
ses intérêts personnels. Monsieur Cools a d’ailleurs
souvent été confronté à la question, les habitants de
telle rue s’opposant à ceux d’une autre rue. Vouloir
contenter les particularismes de chacun, vouloir ménager
la chèvre et le chou risque de conduire à des
solutions insatisfaisantes au désavantage de la cohérence
globale et de l’intérêt général.

JB partage ce point de vue et signale que par
exemple dans son quartier les aménagements prévus
par le Plan Communal de Mobilité n’ont pas été mis
en oeuvre parce que les avis sur la question étaient
trop divergents parmi les habitants. Et c’est le statu
quo qui a finalement prévalu !

JB poursuit son analyse en ajoutant que ces dossiers
« Mobilité » sont rendus très complexes du fait de la
multiplication des niveaux de pouvoir à Bruxelles.
Bon nombre de voiries uccloises sont gérées par la
Région ; la Commune a très peu d’emprise sur les décisions
en matière de RER, etc… Il essayera néanmoins
de profiter de chaque opportunité pour faire
progresser la mobilité des Ucclois en rassemblant systématiquement
autour de la table les acteurs concernés
par la mobilité et l’aménagement des voiries et
de l’espace public à Uccle, qu’il s’agisse des instances
régionales ou communales.

LE PLAN COMMUNAL DE MOBILITÉ SERA ÉVALUÉ

JB nous informe en primeur de la décision du Collège
de lancer une évaluation avant fin 2013 du Plan Communal
de Mobilité rédigé en 2006. La Région a en
effet pris la décision d’offrir aux communes la possibilité
de faire évaluer leur Plan Communal de Mobilité
par un consultant indépendant (aux frais de la
Région).

AT rappelle dans ce cadre que le Plan prévoyait la
mise en place d’une Commission communale de
consultation de la Mobilité. Mais cette commission
ne s’est jamais réunie qu’une seule fois. Il espère qu’à
l’avenir, les représentants de la société civile seront
invités plus souvent à évoquer avec l’échevin cette
problématique.

JB évoque à titre d’exemple le travail réalisé au sujet
du projet de Plan Régional de Stationnement. La
commune a décidé de remettre un avis circonstancié
à la Région. Cet avis intègrera l’avis de tous les services
communaux concernés de loin ou de près par la
question. En outre, la commune souhaite récolter les
avis de ses administrés (via notamment certains réseaux
tels que celui de l’ACQU) afin d’en tenir
compte autant que possible. JB souhaite travailler de
la même façon à propos d’un futur Plan Ucclois de
déplacement et de livraison des marchandises.

AT remet à JB un exemplaire de la brochure éditée
par l’ACQU en juin 2012 sur la Mobilité uccloise. JB
n’en avait pas connaissance. Il le lira avec intérêt. En
le feuilletant, il s’arrête sur un paragraphe concernant
le RER. Le sujet est donc abordé.
La halte RER du Lycée Français est une nécessité

LA HALTE DU LYCÉE FRANÇAIS

JB indique que la commune fait tout son possible
pour que ses revendications en la matière soient relayées
au niveau fédéral. est ainsi pour lui une priorité. Il rappelle en outre que
certaines personnes, dont Monsieur COOLS, évoquent
la possibilité pour la Région bruxelloise de
pouvoir disposer sur le réseau ferré aujourd’hui exploité
exclusivement par la SNCB, de certains créneaux
horaires en vue de lancer un service de train
intra-bruxellois, une sorte de réseau express bruxellois
supplémentaire au réseau express régional (RER).
Matériellement, ce serait possible à condition de résoudre
certains noeuds problématiques comme la saturation
du tronçon Nord-Midi. JB veut explorer
toutes les idées originales et créatives.

DES RÉFLEXIONS A LONG TERME

Concernant la voiture, JB n’est pas « contre » l’automobile.
Il souligne l’importance de pouvoir aborder
le sujet sans tabou. Il faut étudier chaque idée sous
tous ses aspects et dans toutes ses conséquences. A
titre d’exemple, JB évoque une réflexion relative aux flux de circulation sur la chaussée de Waterloo et la
drève de Lorraine. L’idée de mettre la drève de Lorraine
à sens unique changeant en fonction des flux
circulatoires du matin et du soir ne peut être retenue
que si elle n’entraîne pas de report du trafic plus en
aval vers le centre-ville (effet entonnoir).

AT ajoute qu’il s’agit de toute manière d’une fausse
solution car chaque fois qu’on élargit une voirie, on
attire plus de voitures et après quelques années, les
embouteillages réapparaissent inévitablement avec
encore plus de voitures.

JB déclare que ses réflexions
en matière de mobilité
s’intègreront dans
une perspective à long
terme. Il ne veut pas se laisser
enfermer dans des propositions
d’aménagement
qui ne résolvent que la problématique
du seul demandeur.

Ainsi, quand la STIB a
décidé qu’il était temps de
renouveler les rails de la
rue van Ham à Saint-Job,
elle a proposé la mise en
sens unique de la circulation
automobile dans le
sens descendant. Le trafic
de transit entre la place St
job et la chaussée de Waterloo
via cette voirie était
alors réduit. JB ne peut accepter
cette proposition car
elle risquerait indirectement
d’enclaver les
quelques 5000 habitants de
ce quartier. JB préconise
dès lors une réflexion plus
globale quant au tracé du
tram 92 : pourquoi pas le
terminus au Vivier d’Oie
(connexion avec la station
RER) via l’avenue du Prince
de Ligne ?

AT répond que l’ACQU
n’est pas opposé à ce choix,
pour autant que le tram
poursuive son chemin par
la chaussée de Waterloo,
non seulement jusqu’au
Fort Jaco, mais aussi plus
loin jusqu’à l’IRSA.

JB partage l’idée de mener
des réflexions globales et à
long terme. La STIB doit présenter des projets dans une vision plus prospective,
afin de permettre aux élus communaux d’opérer
des choix, sans être dans l’urgence face à une « impérieuse
 » nécessité de remplacer telle ou telle infrastructure.

Une réunion aura lieu prochainement avec
la STIB. Il rappellera ce point de vue. Il insistera aussi
sur l’importance de développer le réseau à Uccle, en
veillant à l’intégrer aux autres infrastructures de mobilité
 : ICR, RER, axes automobiles,…Récemment, il a
reçu de deux opérateurs relevant pourtant de la même Région bruxelloise deux projets d’aménagement
différents pour un même endroit, les deux opérateurs
ne s’étant pas concertés !

Ci-dessus : Aménagement d’une piste cyclable rue de Stalle.

A propos des ICR, JB ne peut pas accepter qu’un permis
unique soit délivré pour l’ensemble du projet sur
le territoire communal. Les adaptations prévues par
le passage d’un ICR dans un quartier ne peuvent pas
modifier selon lui de manière déraisonnable les habitudes
des riverains. Ainsi la suppression d’une importante
quantité d’emplacements de parking en
vue de faire passer un ICR n’est pas acceptable.

ET LE TRAM 51 ?

François GLORIE (FG) évoque alors un sujet qui tient
une importance particulière pour de nombreux Ucclois
 : la traversée de la commune par le tram 51. Il
semblerait que certains imaginent remplacer à terme
(en 2030 ?) le tram 51 par une ligne de métro.
L’ACQU ne considère pas que ce soit une bonne solution.

Mais en attendant une décision à ce sujet,
peut-on laisser pour autant la situation de ce tram se
détériorer pendant encore au moins 15 ans, sans solution
pour améliorer une ligne utilisée par tant
d’usagers ? La commune ne doit-elle pas mettre ce
sujet au centre du débat avec la STIB ?

JB reconnaît qu’il ne maîtrise pas encore bien la problématique.
Mais par principe, il n’est fermé à aucune
proposition. Il est donc disposé à prendre
connaissance des propositions de l’ACQU en la matière,
déjà formulées dans de récents numéros de la
Lettre aux habitants publiée par l’ACQU. La STIB ellemême
signale qu’elle rencontre des problèmes de régularité
du tram 51 notamment entre le carrefour du
Globe et le carrefour avec la rue Xavier de Bue. Par
ailleurs, la STIB a annoncé – à nouveau très tardivement
– la nécessité de remplacer les rails de cette
ligne. JB répète être ouvert à toute proposition -
même innovante – pour permettre aux Ucclois de
meilleures connexions avec le centre de Bruxelles. Cependant,
il insiste pour que cela soit discuté longtemps
à l’avance avec une vision à long terme. Ce
que la STIB jusqu’à présent ne fait que trop peu souvent
et ce qui laisse donc très peu de marge de manoeuvre
à la commune.
Une collaboration « Commune – ACQU » pour le
vélo à Uccle ?

Avant de clôturer la réunion, AT aborde encore la
question des Itinéraires Cyclistes Communaux (ICC) et
explique la pertinence de leur création. En effet ces
itinéraires, au contraire des ICR, peuvent être prévus
comme des tronçons courts visant à relier des points
névralgiques entre eux. Par exemple : une desserte
cycliste sécurisée vers une école ou une voie cycliste
permettant aux riverains d’un quartier de rejoindre
en toute sécurité un pôle intermodal (halte RER,
arrêt de tram, …) proche de chez eux.
JB est prêt à analyser la situation. Il ajoute qu’il faut

aussi étudier les meilleurs emplacements qui pourraient
potentiellement accueillir des parkings vélos
supplémentaires. AT lui suggère que l’ACQU développe
des propositions concrètes en la matière, sur
base de la connaissance du terrain acquise par les comités
de quartier.

JB conclut en relevant qu’une collaboration utile
pourrait ainsi se mettre en place.


Le groupe mobilité de l’ACQU a apprécié cette rencontre avec le nouvel échevin de la mobilité et le remercie d’avoir rendu possible cet échange.

Au seuil de ces 6 années de législature communale,
il souhaite maintenir le dialogue avec l’échevin, et à
travers lui, avec l’ensemble du collège échevinal ucclois.
Nous avons cependant constaté que les points de
discussions abordés au cours de cette rencontre se
sont plutôt focalisés sur les difficultés rencontrées
par la Commune dans ses relations de travail avec
les différents partenaires régionaux (STIB, SNCB, région
bruxelloise).

Ces difficultés ne doivent cependant pas occulter les
différentes actions à mener à Uccle par les autorités
communales pour améliorer la mobilité dans la commune.
L’utilisation de la voiture, à Uccle, comme dans les
autres communes, a dépassé les limites de capacité
des infrastructures existantes, et contrecarre les
autres modes de déplacement.

L’ACQU estime nécessaire de faire évoluer la mobilité
à Uccle par une modification progressive de nos comportements
vers des modes de déplacements moins
polluants, plus conviviaux et respectueux de la ville
et de la santé des habitants.

Dans le cadre de ces priorités, l’ACQU restera vigilante
et attentive, tout en maintenant une volonté
positive de dialogue avec l’échevin de la mobilité.
Le lecteur trouvera l’inventaire des préoccupations
et priorités de l’ACQU en matière de mobilité dans
sa LETTRE n° 76 « Uccle 2012-2018, Vers une mobilité
durable ».

Elle est disponible sur le site de l’ACQU,
(format PDF)

Ci-dessus : Le Tram 51 rue du Château d’Or - Son seul site propre sur le territoire d’Uccle.
3 juillet 2013