« Le souffleur de feuilles » : un livre qui incite à la réflexion, à l’action
Plaidoyer pour la vie sauvage
Trop chaud, trop sec. Les images associées à l’enfièvrement de la planète nous sont désormais familières alors qu’une autre crise tout aussi dramatique – l’érosion de la biodiversité –, passe sous le radar. Les signaux sont moins perceptibles sauf qu’il n’y a plus d’insectes écrasés sur nos pare-brises ! Ce qu’on ne voit pas, n’existe pas… La prise de conscience collective se fait dès lors attendre.
Or, la biodiversité n’est pas qu’un enjeu pour les amoureux de la forêt et des oiseaux. La Nature fournit l’oxygène que nous respirons, l’eau que nous buvons, les combustibles qui nous chauffent et permettent nos déplacements, les produits de la terre qui nous nourrissent. Rajoutez-y la fertilisation des sols, la pollinisation des cultures ou encore le fait que la végétation est notre meilleure alliée pour nous adapter au changement climatique.
La préservation de la biodiversité nous concerne tous, elle est vitale. En partant de cette évidence, plusieurs citoyens ucclois se sont mobilisés, décidés d’agir sur le terrain des idées. Chacun selon ses connaissances et compétences, en fonction de son vécu, avec un souci commun : sensibiliser. La réserve naturelle du sud de Bruxelles, le Kinsendael, a servi de point de départ. Mais le monde animal et végétal ne pouvant être mis sous cloche, nos « enquêteurs » quittent rapidement leur biotope et élargissent la réflexion : quel est notre rapport aux autres « vivants » ? Qu’induit la fragmentation des habitats ? Faut-il raviver la notion de « servitude » ? Quel rôle pour les défenseurs du bien commun ? L’agroécologie, est-elle la solution aux maux de l’agriculture ?
Grâce aux regards croisés des auteurs – de l’ingénieur agronome aux juristes en passant par le psychothérapeute, le journaliste et les philosophes – le lecteur trouvera des clés pour mieux appréhender ce défi crucial : l’extinction du vivant. L’un des grands mérites du recueil au titre intriguant, Le souffleur de feuilles , est son côté accessible – écriture journalistique, nombreuses illustrations, touches d’humour… – et le fait d’offrir arguments et matière à réflexion à la « Résistance citoyenne ».
À Bruxelles, ils sont en effet de plus en plus nombreux à se dresser contre la bétonisation à outrance, à plaider pour une ville vivable : autour de la friche Josaphat, au champ des Cailles, dans la vallée du Vogelzangbeek, au marais Wiels… Tous ces « insoumis » pourront s’identifier à la conclusion du texte d’Olivier De Schutter : « C’est dès à présent, et d’abord par les mobilisations locales, que la redéfinition de notre rapport à la nature doit commencer. »
1 Paul De Gobert, Olivier De Schutter, Benoît Dumont, Isabelle Stengers, Thérèse Verteneuil, etc. (préface de Vinciane Despret), Le souffleur de feuilles – La biodiversité n’est pas un luxe, elle est vitale, éditions Couleurs livres, 128 pages, automne 2022. Vendu en librairie ou à commander à : marcschmitz2804@outlook.com