ÉVALUATION DU PLAN COMMUNAL DE MOBILITÉ UCCLOIS

Article paru dans la Lettre aux Habitants n°71, mars 2012.

INTRODUCTION

Le plan communal de mobilité ucclois fut adopté en
juin 2006, il y a plus de cinq ans. Les élections sont
prévues dans quelques mois, en octobre 2012. C’est
l’occasion de faire le point sur les actions entreprises
par nos représentants communaux, puisqu’il était
prévu que les mesures qui relèvent de leurs compétences
soient réalisées justement pour 2012.

Pour réaliser ce travail d’évaluation des mesures communales,
nous avons rencontré la Cellule Mobilité
(Madame LEKEU), ainsi que l’Echevin compétent
(Monsieur COOLS) le 28 novembre 2011. Nous les remercions
du temps qu’ils nous ont consacré pour répondre
à nos questions.

Vous trouverez plus loin les
commentaires de Monsieur COOLS sur la question,
puisque nous lui avons soumis le présent document
avant publication.

Voici donc, chapitre par chapitre, un court rappel des
mesures adoptées par la Commune en 2006 (en caractère
droit), les réponses obtenues quant à leur
état de réalisation (en italique) et nos commentaires
(en gras).

Ceux qui le souhaitent peuvent aussi se référer au
Plan communal complet, toujours accessible sur le
site internet communal.


1. EXTENSION DES ZONES 30 (OBJECTIF 70% DE COUVERTURE)
À L’ENSEMBLE DE LA VOIRIE COMMUNALE (SAUF
AXES 50) AVEC ACTIONS SUR LES INFRASTRUCTURES ET MODÉRATION
DU TRAFIC DANS LES QUARTIERS RÉSIDENTIELS.

a) Zones 30

Environ 60% des rues communales uccloises sont
couvertes par une mesure de zone 30. Mais le morcellement
des zones 30 n’encourage pas le respect
de cette mesure.

Des signaux lumineux “30” ont été installés à proximité
de plusieurs écoles maternelles, primaires et secondaires.
Eteints, ils induisent une neutralisation de
la limite à 30 km/heure imposée. Pourquoi ? Du mobilier
urbain uniformisé multicolore est installé près
des écoles maternelles et primaires. Certains abords
d’écoles ont été équipés de zones “kiss and drive”.
Sauf situation spécifique, il n’entre pas dans l’intention
des autorités communales d’étendre encore les
zones 30. Certaines incohérences sont par ailleurs relevées
localement au niveau de la signalisation (Smiley
50 à l’abord immédiat de zones 30).

b) Dispositifs ralentisseurs (réduction de largeur de
voirie, rupture de linéarité, rétrécissements locaux).

Ces dispositifs sont loin d’être systématiques dans
les zones 30. La Commune recourt plus fréquemment
aux coussins berlinois (Prince d’Orange, Hospices,...),
même si sur les voiries plus larges, leur efficacité
n’est pas parfaite (possibilité de contournement,...).
L’installation d’indicateurs dynamiques de vitesse
(“Smiley”) se poursuit, malgré certains problèmes occasionnels
de fonctionnement.

c) Plans de circulation par maille (sas d’entrée, limitation
du nombre d’accès et de sortie à la maille, sens
uniques contraires, mise en circulation locale) :

Les plans de circulation soulèvent très vite la passion
parmi les riverains. En l’absence de toute sensibilisation
préalable, la simple présentation de plans ou les
périodes d’essai réel provoquent de nombreuses
tensions entre riverains, ce qui paralyse l’action communale.
Dès lors, les autorités ne mettent pas en
oeuvre complètement les dispositions prévues.
De manière générale, un trafic de transit plus élevé
est observé dans tous les quartiers résidentiels !

d) Aménagement de zones résidentielles.

Une petite dizaine de zones existent à ce jour : lotissement
Foestraets, clos Bourgmestre De Keyser, clos
Abbé Froidure, Montagne St-Job, clos Professeur
Hustin, rue Zandbeek, rue Baron Perelman,,...
En 2012 : Moensberg, Trois Rois (entre chaussée de
Drogenbos et avenue de Beersel).
Il n’est pas prévu d’aménager en zone 20 les rues listées
initialement au PCM.

Villo débarque à Uccle !

2. AXES STRUCTURANTS 50.

a) Mesures de dissuasion du trafic de transit dans les
mailles résidentielles (suppression de tourne-àgauche,…).

Rien.

Les axes structurants sont de plus en plus embouteillés
sur des plages horaires toujours plus larges.
L’Echevin prône le péage urbain aux portes de la Région
(mais il s’agit d’une compétence régionale). Il
n’y a que peu de chance qu’une telle mesure soit
adoptée à Bruxelles, et encore moins à une dimension
régionale.

b) Ecoulement optimal des Transports en Commun.

Avenues Carsoel etWolvendael réaménagées - rondpoint
square Marlow imminent (sans feu pour les
piétons).
Rue du Château d’Or (site propre et “faux” rondpoint
sous le pont de chemin de fer).
Bandes bus à proximité des carrefours à feux à la
chaussée de Waterloo (de Churchill à Van Bever).
En projet : site propre partiel pour le tram chaussée
de Waterloo entre Churchill et Legrand (2012-2013).
Site propre complet rue de Stalle (complément à
réaliser à proximité du carrefour avec la chaussée de
Neerstalle avant la construction du dépôt SAIT -Marconi).


3. AXES PRIORITAIRES.

Supprimer la priorité de droite : De Fré, St-Job, Prince
de Ligne, Neerstalle, Etoile
De Fré et Neerstalle OK. Abandon du projet pour les
autres voies (car risque de vitesses trop élevées).


4. INTERVENTIONS PONCTUELLES AUX CARREFOURS

Rond-point chaussée de Saint-Job, carrefour chaussée
de Waterloo/avenue Van Bever (élargissement) -
Mercure/Circulaire - ....
Certains dispositifs réduisent la longueur des traversées
piétonnes (ex : chaussée de Waterloo).
La commune relève 3 points noirs : La Hulpe/Waterloo,
Globe, Stalle/Neerstalle.

Est-ce cela la fluidification ?

5. STATIONNEMENT

a) Plans de stationnement

Le stationnement payant relève de l’échevin compétent,
Monsieur DESMEDT. Le parking Saint-Pierre est
opérationnel. Plusieurs plans locaux ont été adoptés :
Bascule/Vanderkindere, Etoile/Coghen, Uccle-centre.
Les tarifs horodateurs ont fortement augmenté.

b) Zones bleues aux abords des gares.

Rien (car le contrôle est jugé difficile).

c) Stationnement près des gares.

La commune va aménager un parking au bout de la
partie en impasse de la chaussée de Saint-Job (près
du chemin de fer) pour remplacer le parking Prince
de Ligne, condamné à terme à être urbanisé. Elle espère
aussi que des emplacements supplémentaires
seront créés rue Egide Van Ophem près de la gare de
Calevoet.

A Moensberg, dans l’attente de l’aménagement définitif
programmé, un parking provisoire sera aménagé
par la SNCB qui, en plus, marquera au sol des
emplacements le long de la rue du Bourdon mise en
sens unique dans sa partie haute (entre la rue des
Tilleuls et le square des Braves à Linkebeek).


6. PLAN DE SIGNALISATION PIÉTONNE.

Rien.


7. MESURES D’ACCESSIBILITÉ PMR.

Une convention avec l’asbl Plein-pied a été signée
par la Commune pour la remise d’avis sur demande
(mais sans caractère obligatoire).

Une boucle PMR sera aménagée bientôt dans Uccle-
Centre.
Un nouveau passage accessible sous ou au-dessus de
la station SNCB d’Uccle-Calevoet est en cours d’étude.


8. SAS RÉSERVÉS AUX VÉLOS AUX CARREFOURS.

OK, presque partout.


9. SUL (SENS UNIQUES LIMITÉS, C’EST-À-DIRE ACCESSIBLES AUX CYCLISTES).

OK mais nous constatons la suppression récente de plusieurs
SUL jugés dangereux par la Commune.


10. PISTES CYCLABLES

Avenue des Tilleuls (pas réalisé vu les aménagements en cours par
la SNCB dans le quartier), Homborchveld (abandonné),
Rue Groeselenberg (pas réalisé au profit du parking),
Avenue Van Bever (Rien).
Avenue De Fré (dans le sens montant).

Des parkings pour vélos sont installés à différents endroits
de la commune.


11. ICC (ITINÉRAIRES CYCLISTES COMMUNAUX).

Brugmann – Waterloo
Churchill – Saint-Job
St-Job
Linkebeek – Drogenbos
Tilleuls – Roseau
Ecole Européenne
Herinckx (ce sera une piste cyclable)
Rien.

Et les ICR (de compétence régionale) n’avancent
guère !

Un panneau peu connu à Uccle.

12. VILLO

Le PCM ne prévoyait rien à ce sujet en 2006.
20 stations seront aménagées sur le territoire d’Uccle
en 2012. 4 stations seront situées à proximité d‘une
halte SNCB (Stalle, Calevoet, Saint-Job et Vivier
d’Oie).


13. CHEMINEMENTS PIÉTONS ET CYCLISTES AUX ABORDS DES
GARES RER

Rien, sauf le nouveau projet d’un itinéraire cycliste
entre Stalle et Calevoet à l’étude (via la rue du
Wagon ?).


14. RUE DU WAGON – VOIRIE RÉSERVÉE AUX TC ET À LA
MOBILITÉ DOUCE

Les permis d’urbanisme délivrés ne permettront pas
une liaison automobile entre la rue de Stalle et Calevoet.


15. CARSHARING (CAMBIO)

5 stations prévues.
Vander Elst, Vanderkindere, Bascule, 7 Bonniers/Coghen,
Danco : OK.
Cambio demande des emplacements supplémentaires.
En projet : De Fré/Waterloo, place Saint-Job (dès avril
2012), mais pas encore Calevoet.


16. XAVIER DE BUE

Suppression du stationnement : OK ; mais abandon
complet du piétonnier.

... du moment que je puisse me garer !

17. COMMUNICATION ET ÉDUCATION
PLAN DE DÉPLACEMENT D’ENTREPRISE DE L’ADMINISTRATION
COMMUNALE OK ; DES FICHES D’ACCESSIBILITÉ DES BÂTIMENTS
COMMUNAUX SONT EN LIGNE SUR WWW.UCCLE.BE.

a) Plans de déplacements scolaires.

Seules les écoles volontaires s’engagent dans ce processus,
sans aucun soutien ou suivi communal (sinon
ponctuel). Peu de résultats visibles.

b) Rangs à pied et à vélo.

Une seule école les organiserait encore de façon régulière.
Les parents ne sont pas favorables (logique,
vu le manque d’infrastructures sécurisantes).

c) Actions à l’égard des autorités responsables des
Transports en Commun.

La halte RER « Lycée Français » est refusée par la
SNCB, mais continue d’être réclamée par Uccle.
La commune intervient pour que les trains de la ligne
124 (venant de Nivelles) continuent à desservir prioritairement
la jonctionMidi-Nord (plutôt que la Gare
de l’Ouest). Elle regrette les retards pris dans la réalisation
du RER.

La Commune intervient régulièrement pour améliorer
le service de la STIB (ligne 43 dans le Sud-Est, ligne
97 vers Forest, ligne 43 jusqu’à l’Observatoire, fusion
des lignes 3 et 7), faire diminuer les ruptures de
charge et demander l’augmentation des fréquences.

Mais rien n’est fait pour le tram 51 (sauf partiellement
au delà de la station SNCB Calevoet).
La commune se positionne clairement en faveur du
métro à Uccle (venant de la Station Albert : Altitude
100 – Square des Héros – Gare de Calevoet).


18. DIVERS

Création d’un service Mobilité. Création d’une Commission
consultative uccloise de la Mobilité.
Le service (juste une cellule) Mobilité n’est composé
que de deux personnes. Il est devenu compétent
pour les règlements de police en matière de circulation.
Cette cellule ne peut faire face à toutes ses missions.
Elle devrait être sérieusement renforcée.
Une Commission Mobilité a été créée, mais elle ne s’est
réunie qu’une seule fois. Dans sa composition actuelle,
elle n’apporte rien.


AUTRES CONSTATS :

Le Groupe de travail Mobilité de l’ACQU relève
d’autres points qui freinent la mise en place du Plan
communal de mobilité :

–* le manque de sanctions policières (la signalisation
n’est pas assez respectée : sens interdits, zones de
chargement-déchargement ; trop de parking sauvage,…)
 ;
–* la priorité donnée à la notion de « fluidité automobile
 » plutôt qu’à celle de diminution globale
du trafic automobile pourtant visée par la Région
 ; ce choix empêche tout transfert modal significatif
vers les transports en commun, le vélo ou la
marche à pied ;
–* le manque de volonté politique communale pour
mettre en place une politique plus courageuse
dans l’intérêt des Ucclois, qui nécessiterait parfois
d’imposer certaines mesures moins populaires auprès
de certains (pour assurer un meilleur partage
de l’espace public en faveur des usagers non automobiles)
 ;
–* l’absence d’une politique cohérente d’information
pour que les Ucclois comprennent mieux les enjeux
de la problématique.

Je n’avais pas le temps. Et d’ailleurs les piétons peuvent passer à côté !

CONCLUSIONS.

Dès avant son adoption par le Collège, le Groupe de
travail Mobilité de l’ACQU avait jugé le PCMU peu
ambitieux dans ses choix afin de favoriser les
moyens alternatifs de mobilité (marche à pied, vélo,
transports en commun). La Commission régionale de
Mobilité était également sceptique à cet égard.
Aujourd’hui, la congestion automobile empire, ses
effets augmentent chaque jour. A Uccle sans doute
plus qu’ailleurs.

Le PCMU, adopté en 2006, n’a pas pu être mis suffisamment
en oeuvre (au niveau des actions communales
attendues pour 2012) pour observer un effet
favorable sur la mobilité à Uccle.
Or, le mécontentement général augmente lui aussi.
A tenter de vouloir satisfaire tout le monde, nos autorités
communales ne satisfont plus grand monde,
puisque rien n’est vraiment résolu : la fluidité est un
leurre auquel elles s’accrochent, le vélo ne décolle
pas vraiment à Uccle, les transports en commun ne
sont pas assez performants, la marche à pied reste
trop souvent dangereuse ; sous cet angle, la qualité
de la vie à Uccle se dégrade.

Puisque la politique actuelle n’a pas donné les résultats
attendus, il est temps de faire d’autres choix :
ceux qui nous apporteront – à nous et à nos enfants - une meilleure santé, une plus grande convivialité,
une vie sociale au sein de nos quartiers, moins de
stress, moins de bruit. Ceci réclame du courage et de
la volonté de la part de nos élus communaux. Puissent-
ils ne pas se retrancher derrière les lenteurs et
hésitations des autres niveaux de pouvoir et oser
aller de l’avant ! C’est aussi leur responsabilité...

Pour les encourager dans une telle démarche,
l’ACQU a entrepris une profonde réflexion interne
qui a démarré en novembre 2011 par une enquête
auprès de ses Comités et Antennes de quartier. Sur
base des réponses reçues et d’un large débat, notre
association redéfinira les mesures qu’elle estime indispensables
pour que l’espace public soit partagé
plus équitablement entre ses différents usagers.
L’ACQU soumettra ses propositions aux différents
partis politiques démocratiques qui solliciteront nos
voix en octobre 2012. Nous ne manquerons pas de
vous informer de leurs réactions pour qu’à cette occasion,
vous aussi, vous fassiez le bon choix....

Pour le Groupe de travail Mobilité de l’ACQU

Alain Thirion

30 octobre 2012