DESTRUCTION de l’avenue DE FRÉ ? NON MERCI !!!

Article paru dans La Lettre aux Habitants n°82, décembre 2014

Nous pouvions penser que le projet de concrétiser
des ICR (Itinéraires Cyclables Régionaux) dans Uccle
était une bonne nouvelle pour les piétons et cyclistes.
Si c’est le cas pour une grande partie des 16 kilomètres
de tracé, pour le secteur DE FRE ce projet se
révèle être un véritable cauchemar : élargissement
de l’avenue De Fré à trois voies de circulation pour y
créer une bande pour les bus (taxis ? et … très accessoirement
pour les vélos), abattage de l’alignement
des marronniers, suppression de toutes les places de
parking et de toute possibilité d’arrêt pour chargement
/ déchargement, diminution de la largeur des
trottoirs, suppression des « oreilles » et avancées de
trottoirs au niveau des passages pour piétons.
La révélation au grand jour des aspects destructeurs
de ce projet régional a suscité une forte mobilisation
des habitants, des riverains des rues avoisinantes et
des usagers de l’avenue De Fré. Rétroactes.


LE PROJET

La section de l’avenue concernée par le projet est
celle située entre le square des Héros et la Ferme
Rose. En effet, le tracé de l’ICR 6 descend de Churchill
par le Parc Brugmann et l’avenue de Boetendael et
emprunte l’avenue De Fré pour se diriger vers la rue
Rouge. Dans l’autre sens, il remonte l’avenue De
Fré pour la quitter peu avant la Ferme Rose et pour
remonter vers Churchill par l’avenue Elleboudt.
Pour faire de la place aux vélos, sans empiéter sur la
place dévolue à la circulation automobile, les auteurs
du projet ont décidé de supprimer l’alignement de
marronniers, de retirer toute possibilité de stationner
sur la bande pavée, et de rogner le trottoir dans sa
largeur.

Bien qu’il puisse avoir des variations par endroit, le
projet élargit d’un mètre l’espace dévolu à la
circulation automobile qui passe de 2 à 3 voies de
circulation. Le trottoir se voit réduit de 50 cm, et l’on
crée une piste cyclable dans le sens de la montée. Les
vélos étant priés de rouler sur la bande bus dans le
sens de la descente (regardez bien sur le schéma de
droite, on devine un vélo devant le bus).

Les traversées piétonnes se voient – elles - allongées,
car elles passent de 8 mètres de longueur à 10,40
mètres. Les piétons devraient traverser dorénavant
3 voies de circulation plus la piste cyclable.

Or les dispositions de bon aménagement
d’une traversée piétonne recommandent dans
le cas d’une telle longueur et de 3 voies de
circulation de la protéger par des feux tricolores.
Le projet ne les prévoit absolument pas.
Les traversées piétonnes - déjà hasardeuses - seront
encore plus dangereuses, la vitesse des véhicules
dans l’avenue De Fré étant souvent trop élevée,
et d’ailleurs JAMAIS contrôlée dans ce secteur.

Le projet renforcera encore « l’effet de barrière
 » qu’a l’avenue De Fré pour tout le quartier.
C’est contraire aux Plans Piétons, IRIS II, qui
prônent les modes actifs de déplacement.
Faut-il évoquer davantage l’impact négatif sur la
sécurité des enfants et des PMR (personnes à mobilité
réduite) ?

UN PROJET CACHÉ

Les riverains ont protesté contre la manière dont
l’enquête publique concernant ce projet a été menée :
ces projets d’élargissement, de mise à 3 voies, d’abattage
des marronniers, de rétrécissement des trottoirs n’étaient pas explicitement annoncés dans l’objet
de l’enquête publique. En effet, ce projet d’ampleur
pour l’avenue De Fré était perdu dans une méga
enquête qui concerne 16 kilomètres de voiries (du
jamais vu !) pour l’aménagement des ICR.

C’est donc « par hasard » que les riverains ont découvert
ce projet destructeur.

Un tel projet aurait demandé un travail de concertation
avec les riverains lors de son élaboration.

On s’est éloigné dans ce dossier du modèle de démocratie
participative. La commune d’Uccle a montré
dans des dossiers récents que le dialogue constructif
avec les citoyens est possible pour partager les analyses
et discuter des avant-projets. Ce n’est pas du
tout l’état d’esprit qu’ont adopté en ce dossier les
auteurs du projet, à savoir les Autorités régionales.

Les auteurs du projet ne reconnaissent même pas
le caractère arboré de l’avenue De Fré en niant
l’existence de l’alignement de marronniers, sous
prétexte que certains sont … des jeunes spécimens.
De même, les auteurs ne montrent aucune considération
pour les ZICHEE (Zone d’Intérêt Culturel,
Historique, Esthétique et d’Embellissement) ainsi que
pour les 3 bâtiments classés que compte cette section
de l’avenue : outre la Ferme Rose, dans le dossier
à l’enquête, pas un mot à propos du Vieux Cornet
datant de 1570. Pas un mot à propos de l’Eglise
orthodoxe. Les personnes sensibles aux Monuments
et Sites apprécieront.

LA GRANDE QUESTION

Qu’est-ce qui justifie un tel projet destructeur ? C’est
la création d’une 3ième voie de circulation (bande
réservée aux bus), voulue (ou exigée) par la STIB, qui
génère cette destruction.

Ce n’est donc pas une enquête à propos de l’implantation
des ICR qui était examinée, mais la création
d’une autoroute urbaine qui ne dit pas son nom. Le
projet est de transformer l’avenue De Fré en style
avenue Belliard, mais en pire : en amputant la largeur
des trottoirs, pourtant bien nécessaire aux nombreux
piétons dont les élèves de l’école HEB et les rangs
d’élèves des écoles du Centre qui se rendent à la
piscine communale.

La STIB et Bruxelles Mobilité justifient ce projet en
affirmant que les bus sont englués dans le trafic
dans cette section à l’approche du square des Héros.
S’il existait effectivement à ce niveau un point noir
pour la circulation des bus encore observé en 2011,
la circulation dans le bas de l’avenue De Fré s’est
fortement améliorée depuis le réaménagement du
square Marlow (rond-point / suppression des feux).


La Ferme Rose et le Vieux Cornet : les alignements d’arbres disparaissent peu à peu sous la pression automobile…

Le Comité de quartier De Fré a objectivé le trafic
a réalisant des enregistrements vidéos en accéléré
(timelpase) les mardis et jeudis (jours considérés comme les jours de référence) aux heures de pointe.
Les observations des riverains et les enregistrements
vidéos démontrent que la création de cette 3e bande
pour les bus n’est PAS justifiée (vidéos disponibles sur
la page Facebook du Comité).

Cette bande de bus n’est projetée QUE dans le
sens de la descente, alors que dans cette section de
l’avenue De Fré, c’est davantage dans le sens de la
montée, le matin, que l’on a vu un peu de ralentissement.
Les engorgements touchent maintenant bien
davantage le haut de l’avenue, devant l’hôpital Ste
Elisabeth, en direction du Bois.

DES ALTERNATIVES pour les VELOS

On sait qu’il existe 2 catégories de cyclistes : des
cyclistes aguerris qui n’ont pas de problème pour rouler
sur la voirie au milieu des véhicules automobiles.
L’autre catégorie de cyclistes, ce sont les enfants et
adultes plus timorés qui préfèrent rouler … sur les
trottoirs.

L’avenue De Fré est munie d’une piste cyclable en
montée et d’une BCS (bande cyclable suggérée) en
descente. Sur toute sa longueur, SAUF sur la section
basse de l’avenue.

Pour rappel, TOUTE l’avenue De Fré a été refaite en
2006. A cette époque, le tracé des ICR était connu de
très longue date. Or aucun aménagement spécifique
pour les cyclistes n’a été effectué dans le bas de
l’avenue De Fré à ce moment-là. Le prétexte de ce
report était la réalisation prochaine d’un marquage
propre aux ICR (en couleurs ?). Nous sommes 8 ans
plus tard….

Faire et défaire. Nous apprécions la dilapidation des
deniers publics : nos deniers.

Le Comité De Fré a proposé que soient réalisés - sans
délai - les mêmes marquages (piste cyclable + BCS)
que … dans le reste de l’avenue, mais « en miroir »,
pour tenir compte de la présence du côté (alterné)
de stationnement.
Et si on a la chance de bénéficier d’un trottoir encore
suffisamment large, comme c’est le cas devant l’ambassade
de Russie, pourquoi ne pas y autoriser un
espace partagé entre cyclistes lents et piétons (mais
en laissant priorité à ceux-ci) ?

PENSER GLOBAL

Les congestions qui peuvent se produire square des
Héros sont dépendantes des engorgements ayant lieu
en aval, depuis la rue de Stalle, en remontant vers le
Globe, l’avenue Brugmann et le square Marlow.
Qui peut nier qu’il n’y a PAS un très GROS problème
de circulation automobile dans cet axe ?

Mais là, la STIB dispose d’un confortable site propre
bidirectionnel.

Il semble opportun de mener une analyse complète
de cet axe Stalle / Globe / Brugmann / Marlow / Héros.
Elargir le bas de l’avenue De Fré ne servirait à rien.
Car il ne sert à rien de vouloir traiter tout un axe,
juste segment par segment.

Dans cet ordre d’idée, la réflexion doit être menée
en même temps que le réaménagement (prévu, mais
pas à l’ordre du jour) du square des Héros, devenu
noeud intermodal important (et peut-être à terme
noeud intégrant une station de métro ?). Les usagers
des trams et bus qui descendent des véhicules square
des Héros deviennent … piétons. Là, rien n’est pensé
pour eux.

Le rond-point Churchill est devenu une gare de
trams. Le square des Héros une gare de bus. Ceci se
passe sans concertation, sans plan d’ensemble et sans
prévoir les répercussions et aménagements pour les
autres usagers et en particulier les piétons. Là aussi,
un travail de réflexion avec les riverains et usagers
est nécessaire pour élaborer un projet visionnaire et
de qualité. L’activité économique de l’hôtel square
des Héros et celle du Centre Culturel tout proche le
demandent.

UNE AVENUE EN SOUFFRANCE

Le bas de l’avenue De Fré, le square des Héros et la
rue Rouge connaissent périodiquement des inondations.
Un projet de bassin d’orage sous forme d’un
tuyau creusé par tunnelier a obtenu un avis favorable
de la Commission de concertation. Mais il semble
que pour des raisons budgétaires et/ou techniques,
ce projet va être modifié. Une partie des travaux se
situera au square des Héros. Ces travaux sont importants
pour les riverains et auront un impact sur la
possibilité pour eux de jouir de leur garage éventuel,
condamné actuellement vu les risques d’inondations.

On pourrait s’attendre à ce que les Autorités coordonnent
les projets des sections De Fré / Héros, tant
en ce qui concerne la mobilité que les travaux du
bassin d’orage.

La réalité que vivent les habitants de l’avenue De
Fré, ce ne sont pas des files, mais bien davantage
les nuisances engendrées par la vitesse excessive des
véhicules à toute heure de la journée, mais encore
plus le soir et la nuit. Sans compter un charroi de
lourds véhicules : bus et camions. IIs descendent
l’avenue De Fré en la dévalant. Et qui dit vitesse dit
bruit et vibrations. L’emplacement idéal pour un
radar automatique ?

Les riverains de l’avenue De Fré souhaitent qu’elle
reste vivable et sécurisée pour ses habitants, ses piétons
et ses nombreux usagers.

Ce dossier n’est pas clos. Il appelle nos Autorités
politiques à repenser la manière d’organiser le dialogue
avec les citoyens et l’implication de ceux-ci dans
l’aménagement de leur quartier, leur lieu de vie.

MD

1er décembre 2014