SOLVAY - SPORTS OU COMMENT PROTÉGER UNE ZONE DE SPORTS

Les affiches rouges (avis d’enquêtes publiques) ont toujours quelque chose à nous dire. Elles surgissent ça et là dans les quartiers à l’occasion de projets immobiliers, de plans divers et variés, d’abattages, de démolition, etc... et elles s’adressent à nous.

Cela nous l’apprenons et l’assimilons un beau jour de 2012 où sont apparues les affiches rouges annonçant un projet d’aménagement du centre sportif de luxe sur le domaine « Solvay - Sports », avenue du Pérou, sur Boitsfort à la limite d’Uccle.

Une rapide consultation internet nous apprend ce qu’il faut entendre au Plan Régional d’Affectation du Sol par l’appellation légale « terrain de sports et loisirs de plein air »et sur ce qu’il est permis de construire sur un tel terrain. Et tout aussi rapidement, nous percevons que le statut particulier de ce terrain ne sera pas respecté par tout ce que le promoteur ASPRIA veut y construire, notamment un hôtel.

Cette première mise à l’enquête publique fut rapidement interrompue car une demande de classement du site avait été introduite par Bruxelles Nature. La Région n’ayant pas encore pris de décision quant au classement, aucune demande de permis ne pouvait être examinée.

Après un répit d’environ deux ans, les affiches rouges sont réapparues.. En une soirée et une partie de nuit, quatre volontaires déterminés ont rédigé un toutes boîtes résumant l’ampleur du projet, ses conséquences néfastes sur le quartier et ciblant le non-respect des règles urbanistiques en vigueur. Ceci était d’autant plus important que si un hôtel pouvait être construit sur un terrain de sports, cela ferait jurisprudence pour tous les autres terrains de sports bruxellois. S’ensuivit une distribution des folders par une équipe de choc dans un délai record !

Dès cette semaine, nous sommes allés à la rencontre de nos voisins sur les trois communes concernées (le terrain concerné se situant aux confins de Watermael - Boitsfort, Bruxelles et Uccle), nous avons été consulter le dossier au service urbanisme de la ville de Bruxelles et ensuite à WB et enfin nous avons rencontré de nombreux fonctionnaires et responsables politiques.

Une pétition fut rédigée qui recueillit 350 signatures manuscrites.

Le toutes boîtes a fait réagir de très nombreuses personnes et le jour où s’est réunie la Commission de Concertation à la ville de Bruxelles nous étions une centaine ! Cette audience fut un moment très fort et est restée un souvenir collectif marquant.

Malgré un avis majoritaire défavorable au projet, la Région de Bruxelles Capitale octroya les permis d’environnement et d’urbanisme.

Les riverains, la ville de Bruxelles, les communes d’Uccle et de Watermael - Boitsfort ont introduit des recours auprès du Collège d’Environnement. La ville de Bruxelles a introduit un recours auprès du Collège d’Urbanisme. Ces différents recours ont abouti : les permis ne pouvaient pas être délivrés car contraires au Pras.

Le demandeur est allé en recours auprès du Gouvernement de la RBC. Nous avons tous, riverains et communes, été entendus au Cabinet de la Ministre de l’Environnement. La RBC décida néanmoins d’octroyer les permis. Les riverains et la commune de Watermael - Boitsfort sont allés en recours au Conseil d’Etat en vue d’obtenir l’annulation des permis d’environnement et d’urbanisme. Un riverain a introduit un recours en suspension et a obtenu la suspension du permis d’urbanisme. Les recours en annulation sont toujours pendants.

Toutes ces démarches ont requis une attention soutenue aux fins de suivre l’évolution du dossier. Il fallut aussi essayer de contacter la presse (très difficile) et il y eut régulièrement des articles ponctuant l’histoire du projet. Nous sommes allés voir et revoir les autorités communales des trois communes. Ce fut aussi le cas pour les ministres du Gouvernement de la RBC dont nous avons rencontré plusieurs membres. Ces réunions devaient être provoquées, préparées et leur contenu ensuite confirmé par courriel ...

Les démarches accomplies depuis le début ont permis de modifier le projet sur de nombreux points. Même si le point principal d’achoppement est encore à l’examen au C.E.

Tout ce parcours nous a amenés à découvrir de l’intérieur le fonctionnement de nos administrations et des rouages politiques de nos communes et de notre région. Mais surtout, nous avons tissé des liens tant avec des personnes qu’avec des associations dont nous avons d’ailleurs intégré certaines. D’où ma présence ce soir à ce débat de l’ACQU ! Nous nous sommes aussi investis dans la défense de nombreux lieux dans nos communes mais aussi ailleurs dans Bruxelles. Nous ne sommes jamais avares de conseils ou d’encouragements pour d’autres qui découvrent un projet inopportun, mal conçu ou ne respectant pas les règles en vigueur. Nous avons toujours été soutenus, aidés et encouragés. C’est donc tout à fait normal et spontané de le faire à notre tour.


Karin Stevens

130, chaussée de Boitsfort (W.B.)

12 décembre 2017