Les Plans de Déplacements Scolaires : qu’en est-il à Uccle ?

Article paru dans la Lettre aux habitants n° 57, septembre 2008.

Et voilà, septembre est revenu. La ville retrouve son animation et les rues reçoivent à nouveau leurs défilés de voitures... Certains quartiers, surtout les abords des écoles, redoutent cette période où leur environnement redevient poison : insécurité, bruit, pollution…

Toutes les communes bruxelloises sont, bien sûr, concernées par l’augmentation du trafic automobile et, pour aider ces communes, la Région de Bruxelles-Capitale a initié, depuis 2005, des plans de déplacements scolaires qui doivent permettre une amélioration de la mobilité en ville.

Le numéro de mars 2008 des « Cahiers du Moniteur de la Mobilité » nous donne un premier bilan de la mise en place de ces Plans de Déplacements Scolaires (PDS) en Région de Bruxelles-Capitale.

Dans son avant-propos, le Ministre bruxellois de la Mobilité et des Travaux Publics, M. Pascal SMET, déclarait que plus de 20% des déplacements aux heures de pointe sont liés directement ou indirectement aux déplacements pour rejoindre les établissements scolaires. Et d’ajouter : « Ceci n’est pas étonnant, vu le nombre d’écoles situées en Région bruxelloise (638 écoles, totalisant plus de 215.000 élèves) ».

Pourtant, seules 60 écoles ont développé un plan de déplacements scolaires depuis 2006, soit à peine 10%. Même si cela représente 35.000 élèves, on est loin de ce que l’on pouvait espérer, d’autant que le Ministre rappelle la création de subsides pour aider à concrétiser les propositions des PDS sur le terrain..

À Uccle, trois écoles seulement ont participé à cette initiative : l’Ecole Decroly, l’Ecole Longchamp et l’Ecole Européenne.

C’est bien peu quand on sait que la caractéristique d’Uccle est de posséder près de 50 écoles qui représentent plus de 35.000 élèves. Cette richesse intellectuelle est, bien sûr, l’un des atouts majeurs pour notre commune, mais est également l’une des principales causes des difficultés que connaît la Commune en matière de mobilité.

Car, chaque matin, chaque soir, ce sont des files de voitures pressées, aux conducteurs stressés, qui s’écoulent dans les rues de notre commune, au détriment de la qualité de vie des riverains. Précisons que cette situation est contraire aux engagements récemment pris par la Commune d’Uccle dans son « Agenda 21 », à savoir : réduire la consommation d’énergie et réduire l’impact de la pollution sur l’environnement.

Alors, pourquoi si peu d’empressement à mettre sur pied ces PDS ?

De l’aveu même des participants, les difficultés sont nombreuses :

 Difficulté de motiver les directions et les enseignants dans les établissements scolaires, d’avoir une personne « relais » au sein des écoles, afin de maintenir le processus dans une dynamique.
 Difficulté de trouver des collaborateurs parmi les parents, désireux de s’engager pendant une période assez longue.
 Difficulté de faire changer les comportements de chacun afin que soient utilisés d’autres modes de déplacement que la voiture.

Par ailleurs, souvent, sont mises en avant des raisons directement liées à l’insécurité :

Insécurité pour les vélos, manque d’aménagements de réelles pistes cyclables ;
Insécurité aux arrêts de bus, manque de contrôles dans les transports en commun ;
Intolérance des automobilistes, non-respect des zones 30, parcages dangereux, etc ...
Laxisme de la police face aux infractions routières, manque de contrôles aux abords des écoles ;

autant d’éléments qui n’incitent pas les parents à laisser leur(s) propre(s) enfant(s) seul(s) dans les rues…

Et enfin, les mauvaises performances de la plupart des lignes des transports en commun sont un frein au changement possible des comportements de nos concitoyens…

Devant un tel état des lieux, il y a urgence, nous semble-t-il, à penser autrement la politique de mobilité de notre Commune. Une prise de conscience collective est possible, mais elle doit s’accompagner de décisions, tant sur le plan communal que régional.

Rappelons, tout d’abord, qu’un plan de déplacements scolaires consiste en l’étude, la mise en œuvre et l’évaluation, au sein d’une école, des mesures destinées à promouvoir une gestion durable des déplacements afin :

  1. de sensibiliser les parents et les élèves à la mobilité et à la sécurité routière ;
  2. d’améliorer la sécurité et la qualité de vie sur le chemin de l’école et aux abords de l’école ;
  3. de changer les habitudes de déplacements.
Il y va, quand même, de l’intérêt de l’enfant, de sa sécurité, de l’apprentissage de son autonomie, et de sa vie sociale.

Une telle finalité humaniste implique la mise en œuvre de mesures importantes contre les embouteillages, les retards, le stress, les accidents, les divers impacts environnementaux, dont celui qui concerne l’espace public, le bruit, la pollution, etc…

Le « bilan Carbone » initié par notre Commune dans sa vision « Agenda 21 » ne fera que confirmer les impacts négatifs de l’augmentation du trafic automobile sur la qualité de vie des habitants de notre commune.

Aussi, plaidons-nous pour une meilleure coopération entre les écoles et la Commune dans la perspective d’un développement durable de ces PDS et - pourquoi pas ? -, la création d’un poste « Monsieur Mobilité écoles » qui accompagnerait les directions d’écoles et les parents d’élèves dans leurs démarches tout au long de l’année scolaire….

Nous espérons de véritables améliorations pour les années à venir, à savoir :
 la prise en compte, par la STIB, de l’aspect « écoles » dans les restructurations qu’elle impose aux habitants ;
 la création de la gare RER du Lycée Français, telle que prévue dans le Plan communal de mobilité ;
 L’aménagement de véritables pistes cyclables vers un plus grand nombre d’écoles.

Et enfin, dans l’intérêt de nos enfants, de leur sécurité, de leur apprentissage de la vie sociale, il nous semble important de penser autrement la mobilité douce par :
 incitation à la marche à pied (voir notre brochure « Uccle, c’est le pied » disponible au secrétariat de l’ACQU asbl) ;
 le développement des rangs scolaires vers les arrêts de bus, de gares, de parkings ;
 la sécurisation des déplacements vélos ;
 la mise en place de bus scolaires regroupant plusieurs écoles vers des destinations communes ;
 le co-voiturage.

Le « défi mobilité » est certainement l’un des enjeux majeurs que nous devons résoudre, dès à présent, dans l’intérêt des générations futures pour une meilleure qualité de vie…

Pour le Groupe mobilité de l’ACQU asbl
Nicole DUSSART, Administrateur
Xavier RETAILLEAU, Administrateur

Retrouvez ici une carte indiquant la localisation des établissements scolaires situés à Uccle.

septembre 2008