Le projet « ASTRA ZENECA » rue Van Ophem :

C’est reparti pour un nouveau tour de piste !

On se souviendra qu’un projet avait été introduit pour ce site fin 2021, consistant en la démolition de deux immeubles de bureaux et la construction de 11 immeubles pour aménager 243 logements et 199 emplacements de parkings souterrains.
Le 22 décembre 2021, la Commission de concertation avait remis un avis favorable assorti de plus de 3 pages de conditions.
En août 2022, un nouveau dossier a été introduit, toujours pour la construction de 11 immeubles, mais cette fois pour 229 logements et des fonctions mixtes.

A l’heure d’écrire ces lignes, le projet est encore à l’enquête publique jusqu’au 23 septembre et la réunion de la Commission de Concertation est prévue pour le 05 octobre.
Force est de constater que les modifications sont vraiment minimes et qu’une majorité des conditions émises par les différentes instances publiques n’ont pas été suivies :

 Le plan d’implantation est IDENTIQUE : Ceci alors que URBAN avait demandé de supprimer un bâtiment, le « J ». Et que la Commune et Bruxelles Environnement avaient demandé la suppression d’un bâtiment supplémentaire, le « G » !
 Un étage a été enlevé sur 2 bâtiments (E et I) côté clos de l’Abbé Froidure
 La hauteur des bâtiments F et B qui devait être ramenée de R+5+recul à R+3+ recul n’a pas été diminuée.
 La hauteur des bâtiments C2 et H n’a pas non plus été diminuée.
 Le nombre de logements n’est diminué que de 6 %. La densité du projet reste donc totalement exagérée.
 Le nombre de places de parkings n’a pas été modifié : il y a toujours 199 places de parking prévues, ce qui permet d’éviter l’étude d’incidence (obligatoire à partir de 200 emplacements) ; c’est insuffisant et en dérogation avec le Règlement Régional d’Urbanisme.
 L’aménagement paysager a été quelque peu revu (intégrant quelques places de parkings visiteurs)
 Comme précédemment, le projet fait fi de l’environnement qui le borde.

La typologie des immeubles, les gabarits et leur implantation ne s’accordent toujours pas aux constructions environnantes. Tous ces éléments sont inchangés, le traitement des façades est identique et en totale inéquation avec l’environnement existant.

Dès lors, l’avis que l’ACQU avait envoyé en novembre 2021 reste d’actualité. Nous le publions ici en demandant à nouveau et pour les mêmes motifs que la Commission de concertation émette un avis négatif :

Voici à nouveau un projet de logement dans le Sud de la Commune d’Uccle. Un projet qui, une nouvelle fois, ne prend pas en compte l’environnement dans lequel il s’inscrit et demande une série de dérogations en termes de densité, de hauteur, de stationnement, d’environnement, etc…tout en se présentant sous un aspect écologique vertueux dans l’air du temps. La réalité est pourtant différente.

Ce projet s’inscrit pourtant dans une transformation générale du quartier, qui en l’espace de quelques dizaines d’années, a totalement changé. C’était un quartier très vert, avec une quantité importante de terrains non bâtis et préservés au niveau environnemental.
C’est aujourd’hui un quartier très dense dans lequel les équipements manquent et dont la « mobilité » est très impactée.

DENSITE

Le projet est beaucoup trop dense. L’axonométrie est sans appel, il s’agit bien d’une forêt d’immeubles avec, entre chaque, un minimum de verdure.
Les cheminements entre les immeubles sont étroits et une réelle étude d’ombrage en hiver montrerait très certainement que certaines façades ne devraient pas voir le soleil de tout l’hiver tellement les façades des immeubles voisins sont proches.
A l’échelle du quartier, l’ajout de 243 logements, ses parkings, les problèmes de mobilité et les questions d’équipements ne sont pas du tout pris en compte.
A ce titre le Résumé non technique du Rapport d’Incidence est édifiant.

GABARITS/IMPLANTATION

Les gabarits des immeubles sont beaucoup trop importants sur l’ensemble du site, mais particulièrement sur l’av. Van Ophem, face à la cité jardin, où les toutes petites maisons sont de gabarit R+1 ! Les gabarits voisins de la rue François Englert sont également trop importants et devraient être limités à R+4.
Les immeubles R+3 sont directement voisins des maisons unifamiliales du Clos Froidure, qui elles sont R+1. Leur impact visuel sera beaucoup trop important.
Qui plus est, l’immeuble A vient s’implanter à front de voirie sans aucun recul, celui-ci n’étant plus possible vu la densité d’implantation des immeubles.

LOGEMENTS

Le plan des appartements est dense. La plupart des appartements ont des chambres parentales de juste 14 m2 et la seconde chambre fleurte avec les 9 M2. C’est le minimum légal, mais ça ne permet pas de vivre agréablement. Dans une chambre au minimum légal de 9 m2 on place tout juste un lit, une petite armoire et un minuscule bureau. Le tout ne permettant pas de circuler un minimum. Aucune aisance !

PERMEABILITE DU SOL/ENVIRONNEMENT

Le parking enterré sera recouvert d’un minimum de 1 mètre de terre. Cette épaisseur ne permet aucune plantation et n’apporte très certainement pas une perméabilité au sol qui permet d’écouler l’eau vers les nappes phréatiques.
Or, en même temps, le promoteur justifie par cet artifice pour déroger à la création d’un espace de 500 m2 contiguë en pleine terre.
Le projet doit prévoir un minimum de 500 m2 en pleine terre.

Le projet fait référence à une forêt dans laquelle viendrait se loger des logements. Il s’agit plutôt d’une forêt d’immeubles dans laquelle vient se loger quelques plantations. Au vu de la hauteur des immeubles, il est à craindre que les plantations et les quelques arbres ne voient pas souvent la lumière et ne puissent pas se développer réellement.
De plus, le projet nécessite l’abattage d’une grand Cèdre du Liban.

POLLUTION DES SOLS

Le site a servi à partir de 1967 pour un atelier de peinture et de dégraissage. Qu’en est-il de la pollution/dépollution des sols ?

LOGEMENTS MOYENS/SOCIAUX

Aucun logement moyen/social n’est prévu sur le site.

MONOFONCTIONALITE

Le projet ne prévoit que du logement, or la zone est déjà très pourvue en logements et pourrait accueillir d’autres activités et équipements.

RAPPORT D’INCIDENCES

Comme déjà mentionné, le Résumé non technique de l’Etude d’Incidences est édifiant :
 aucune incidence ne doit être attendue pour l’urbanisme et le paysage,
 aucune incidence ne doit être attendue sur le patrimoine
 incidence positive sur des équipements sociaux et économiques suffisants qui se trouvent à proximité
 une incidence limitée est attendue sur la mobilité. On parle pourtant de l’ajout de 243 logements !
Pour le promoteur, rien ne change : la mobilité sera relativement comparable….Ceci alors que les rues voisines sont déjà totalement saturées.
 aucune incidence ne doit être attendue sur le sol, ni sur l’eau souterraine et de surface. Et même : un effet positif est attendu sur les eaux souterraines et sur le système des eaux !
 une incidence positive est attendue concernant la faune et la flore grâce à la création de zones verdurisées
 aucune incidence ne doit être attendue sur les nuisances sonores,
 etc….
En bref, le projet n’apporte que des éléments positifs bien gérés et contrôlés.

Les 199 places de parking permettent évidemment de ne pas devoir faire une étude d’Incidences !
Il est pourtant absolument nécessaire de les étudier car le projet n’est pas sans incidences sur le quartier. Une étude d’incidence permettrait de prendre en compte l’impact réel du projet sur un périmètre plus large.

STATIONNEMENT

Le demandeur reporte le parking visiteur sur l’espace public. Il compte effectivement installer 11 places de parking visiteur sur la rue Egide Van Ophem. Ce faisant il doit abattre des arbres et déplacer un trottoir. Ce n’est évidemment pas acceptable.

DOCUMENTS FOURNIS

L’axonométrie et les maquettes ont pour but de donner une image réelle du projet. Malheureusement, les vues particulières donnent une impression fausse. L’axonométrie laisse par exemple deviner des arbres qui atteignent quasi le haut des immeubles, donnant une fausse image de leur hauteur réelle.

Certains immeubles ont pourtant une hauteur équivalente à R+6.

Pour ces différentes raisons, l’ACQU demande que la Commission de concertation tienne compte des remarques formulées et remette un avis défavorable à cette demande de permis.

Pour l’ACQU
Florence Vanden Eede

23 mars 2024