L’ÉVÉNEMENTIEL À L’HIPPODROME : C’EST NON !

Article paru dans la lettre aux habitants n°88, juin 2016

Au mois d’avril 2016, une procédure d’enquête publique a enfin été lancée en vue de déterminer de manière
réglementaire le devenir du site de l’hippodrome. Il s’agit d’une première pour ce grand domaine semiforestier
qui accueille depuis de trop nombreuses années toutes sortes d’activités illicites sous le regard
parfois bienveillant des pouvoirs publics. Un pic a d’ailleurs encore été atteint récemment avec la réouverture
saisonnière de la controversée discothèque géante de plein air « La Terrasse » en partenariat avec la
société Droh !Me et ce toujours sans aucun permis d’exploitation. Heureusement, pour la première fois, la
commune d’Uccle a dressé procès verbal (voir par ailleurs l’article à ce propos).

L’élaboration d’une étude d’incidences
La procédure d’enquête et d’évaluation telle
qu’entamée est assez lourde. Au vu de l’importance
du programme envisagé par la société
Droh !me, gestionnaire du site pour au moins
15 ans, la réalisation d’une étude des incidences
sur l’environnement est notamment requise.
La première enquête portait sur l’établissement
du cahier des charges devant servir à l’élaboration
de l’étude d’incidences. En d’autres termes, le
public était invité à donner son opinion concernant
un projet de cahier des charges, à y proposer des
amendements et ceci afin d’optimiser l’évaluation
des incidences du projet sur l’environnement.
L’analyse d’alternatives est également prévue lors
de cette étape de la procédure.

La séance du 1er juin 2016
Suite à cette enquête publique, une Commission
de Concertation composée des administrations
concernées, s’est réunie le 1er juin en la salle du
Conseil de la Commune d’Uccle en vue d’instruire
le dossier. C’était l’occasion pour les différentes
parties de s’exprimer de vive voix.

Présentation laconique par
la société Drohme

Dans un premier temps la parole fut donnée à la
société Droh !Me. Comme à leur habitude le projet
fut présenté à la manière d’un gentil parc sportif,
éducatif et environnemental offrant de petites
activités, de jolies ballades et visites en forêt pour
les familles.
Jamais n’a été évoqué ni le pôle événementiel
ni le réel business plan de l’entreprise ni la part
modale qu’y occuperont les millions d’euros de
subsides européens perçus (fonds Feder).
De sorte qu’en fin de présentation le flou restait
entier quant aux réelles infrastructures envisagées,
la taille, la fréquence des activités projetées,
le public visé, les taux de fréquentation, les
horaires d’exploitation, etc... Pourtant des données
essentielles pour pouvoir juger de manière
objective de l’adéquation du projet avec le site de
l’hippodrome. Seule l’évocation de quelques données
techniques non camouflables, telles que les
519 emplacements de stationnement sollicitées,
laissent présager l’ampleur des activités réellement
projetées.

Une mobilisation citoyenne
bien representee

Lors de la séance tant les habitants que les
défenseurs de la nature étaient bien représentés
 : les Amis du Bois de la Cambre, les Amis de
l’Hippodrome [1], le
comité Fond’Roy, les Amis de la Forêt de Soignes,
Bruxelles Nature, l’ACQU, etc. Bref, des groupements
répartis autour du site de l’Hippodrome
ou préoccupés par son avenir, assurant ainsi une
vision quadrillée, confrontée des lieux. Notons
également la présence dans la salle de l’échevin
de l’urbanisme et d’un conseiller communal de
Watermael Boisfort, (mais curieusement personne
pour Bruxelles Ville ni pour Ixelles ... ).

La qualité des interventions
En plus de cette bonne représentativité, les interventions
ont également été de qualité. La séance
fut l’occasion de clarifier les nombreux avis, tant
des associations de protection de la nature que
des riverains.
Les inquiétudes se sont essentiellement cristallisées
autour du poids que ferait peser le projet
de Drohme sur la nature, la faune, la flore, les
habitations voisines sans oublier bien sûr la
mobilité (abords de la chaussée de La Hulpe).
Ont été également dénoncés certains partis-pris
absurdes tels que cette demande d’abattre 48
grands arbres dans la seule zone densément
boisée du site (entre les deux anneaux) pour y
implanter une « Maison de la Forêt ». Cette option
est évidemment plus que discutable quand on
sait qu’il existe des zones lisières dégagées qui
permettraient d’implanter ce local sans nécessité
d’abattage. Il a également été largement question
des problèmes de nuisances sonores.

L’événementiel, c’est non
Le porte-parole du collectif « Les Amis de l’Hippodrome
 » a rappelé et souligné que le pôle événementiel
n’est pas nécessaire pour assurer la
réhabilitation et la gestion du site. D’une part la
remarquable restauration des bâtiments classés a
été financée par la Région bruxelloise (et non pas
par la société Droh !Me) et d’autre part le subside
européen de plus de quatre millions d’euros suffit
largement pour assurer une remise en état et une
gestion raisonnable du cadre végétal du site. D’ailleurs
une grande part du terrain est déjà autogérée
du fait de la présence du golf depuis plusieurs
années.
C’est pourquoi le porte-parole du collectif a
conclu en séance et avec fermeté : « l’événementiel,
c’est non et ce n’est pas négociable ».

Tentes géantes chauffées et sol en
gazon synthétique. Faut-il y voir
l’écologie selon Drohme ?

L’avis de la commission de concertation
Quant à l’avis lui-même, il y a à boire et à manger.
Certaines demandes des riverains et des défenseurs
de la nature ont été prises en considération,
d’autres pas.
Parmi les acquis intéressants, on notera qu’il est
demandé au chargé d’étude, notamment, de :

  • baser sa démarche d’analyse sur des observations
    de terrain et des données concrètes relatives
    au vécu quotidien de témoins privilégiés
    (riverains habitants ou usagers des alentours
    et usagers du site) ;
  • porter une attention particulière à l’analyse
    des incidences sur la faune et la flore, et
    l’identification de mesures d’atténuation, voire
    de variantes, en fonction de l’importance de
    ces impacts possibles, notamment, le contenu
    de l’évaluation appropriée des incidences sur
    le site Natura 2000 et la prise en compte de
    l’arrêté de désignation de la ZSCI publié au
    Moniteur Belge le 13 mai 2016 ;
  • confier les différentes tâches de l’étude d’incidences
    environnementales à des spécialistes
    affectés à chaque domaine d’étude spécifique ;
  • analyser les avantages et inconvénients d’un
    certain nombre d’alternatives par rapport au
    projet dont l’alternative zéro de non-réalisation
    du projet telle qu’imposée par le CoBAT
    et l’OPE (en maintenant donc la situation existante
    de droit). Il est également demandé au
    chargé d’étude d’examiner l’alternative visant
    à réduire la capacité des parkings prévus sur
    l’ensemble du site et ne prévoyant aucune
    extension des parkings existants de fait au
    détriment des zones boisées.
  • étendre la zone d’étude à 500 mètres des
    limites du site en matière d’ondes sonores et
    lumineuses ;
  • étendre l’étude aux espaces verts avoisinants
    (Bois de la Cambre, Forêt de Soignes, ex
    centre sportif du domaine Solvay) en matière
    de bruits, vibrations, faune, flore etc.
  • fournir une étude précise des événements
    temporaires prévus sur le site (type : « La
    Terrasse de l’hippodrome ») accompagnée
    du nombre de participants, de la fréquence,
    de la saison, de la taille, du public ciblé, de la
    gratuité ou non, l’évaluation des impacts en
    termes de mobilité et de nuisances sonores et
    vibratoires etc. ;
  • fournir des descriptions quantitatives des activités
    prévues ; notamment préciser l’implantation
    exacte des terrasses des restaurants, le
    nombre de couverts et tables, les horaires, etc.
  • tenir compte de ce que le parking sur l’avenue
    de l’Hippodrome ne peut être autorisé ;

Voici un lien pour prendre connaissance de l’avis
de la commission de concertation :
http://stop.brussels/CC-1juin2016.pdf

Dossier à suivre...
L’étude d’incidences est réalisée dans le cadre
de l’instruction d’une demande (procédure mixte)
de permis unique (urbanisme + patrimoine)
et d’environnement de classe 1A relative à la
réhabilitation de l’hippodrome. La réhabilitation
complète du site est décrite dans le cadre d’un
Schéma Directeur. Sa mise en oeuvre s’effectue au
travers de différentes demandes de permis, dont
la cohérence est assurée par le Schéma Directeur.
A noter que certains permis d’urbanisme ont déjà
été accordés notamment pour l’abattage d’arbres.
Le public aura donc encore probablement plusieurs
fois l’occasion de faire valoir son avis. Mais
ce sera surtout lors du dépôt et de l’instruction
de la demande du projet final de Droh !Me que la
mobilisation du citoyen sera la plus attendue.
Tout au cours de cette procédure, le collectif « Les
Amis de l’Hippodrome » veillera à ce que soient
respectés tant les intérêts des riverains et des
usagers que le cadre légal dans lequel s’inscrit
le projet de réhabilitation du site, notamment en
matière de conservation de la nature.

Les Amis de l’Hippodrome

Déjà 16 grands arbres abattus
depuis novembre 2015. Des
coupes sanitaires subites et
nécessaires ou volonté de Drohme
de faire place nette en vue
d’accueillir les infrastructures
évènementielles projetées ? La
question est pertinente quand
on sait que Drohme projette
d’abattre encore 141 arbres
sur le site. Ceci alors que les
gestionnaires du projet, via leurs
différents médias, n’en finissent
pas de nous endormir avec
une communication basée sur
l’écologie et la nature.

5 juillet 2016