Espace public et envahissement publicitaire.

Ce mois de décembre 2015 la société JCDecaux Billboard Belgium a introduit une énième demande de permis d’urbanisme pour le placement d’un dispositif publicitaire lumineux de 17m² sur le pignon d’une maison (rue de Stalle 25).

Ce nouveau dossier constitue un excellent rappel de la contradiction qu’il peut y avoir entre l’intérêt commercial des concessionnaires privés (Decaux, Clear Channel, …) d’une part, et la préservation de l’espace public en matière de paysage et de sécurité routière d’autre part.

Les règles d’urbanisme sont souvent très strictes en matière d’esthétique, surtout le long des avenues de prestige ou à caractère historique (en l’occurrence la rue de Stalle aux abords de la chapelle de Stalle, du parc Raspail et du Moulin Blanc).

Mais les questions d’urbanisme et d’esthétique n’intéressent guère une firme telle que Decaux. Ce qui lui importe c’est l’efficacité et la rentabilité de ses dispositifs ; l’emplacement est choisi dans cet objectif seul. D’où l’intérêt à s’inviter sur les pignons aveugles des grands axes de circulation. Une entrée de ville telle que la rue de Stalle est l’idéal. Le fait que cette voirie soit souvent embouteillée convient d’autant mieux.

Or, peut-on accepter que des installations publicitaires puissent s’affranchir aussi facilement des prescriptions paysagères et esthétiques ? Certes, ces installations font l’objet d’une taxe communale. Mais peut-on donner un prix à la dégradation de notre cadre de vie ? Le phénomène est insidieux car il évolue progressivement. Un panneau par ci, un panneau par là... au risque d’habituer les citoyens à un environnement dont finalement ils ne perçoivent même plus la dégradation.

A ceci s’ajoute une autre considération, d’un type plus moral : l’affichage publicitaire et les messages consuméristes qui l’accompagnent – nous ne visons donc pas ici les enseignes de magasins – est une forme de harcèlement ou de propagande commerciale particulièrement insupportable dans l’espace public puisqu’on ne peut y échapper. Sans vergogne elle est imposée aux individus.

Cette marchandisation du paysage urbain est d’autant plus malsaine que les dispositifs publicitaires sont accessibles à la location pour des sommes importantes et donc réservées aux entreprises les plus riches.

Enfin, rappelons le caractère potentiellement dangereux du grand affichage publicitaire en matière de sécurité routière. Particulièrement, les dispositifs lumineux (le type "Backlight" tel que demandé ici) sont aptes à détourner l’attention.

Pour ces raisons l’ACQU à invité l’autorité communale de reconsidérer la question de la place à donner à l’affichage publicitaire sur son territoire, à continuer de ne plus systématiquement solder l’espace public à la publicité [1] et à émettre un avis défavorable à la présente demande.

La commission de concertation remettra son avis concernant ce dossier le mercredi 06 janvier 2016.

[1Il semblerait qu’il y ait une progression dans ce sens puisqu’en juin 2015 une demande similaire, chaussée de St Job avait reçu un avis défavorable alors que, toujours chaussée de St Job, une autre demande similaire avait reçu en 2012, quant à elle, un avis favorable