« DEMAIN AVIJL »

UN PROJET CITOYEN DU QUARTIER DE SAINT-JOB QUI RENFORCE LE TISSU SOCIAL ET REPENSE L’URBANISATION DE LA PÉRIPHÉRIE DU PLATEAU AVIJL !

Ainsi que l’a montré le film « Demain », un peu partout dans le monde se multiplient des initiatives de citoyens qui ont décidé de prendre eux-mêmes leur avenir en main et de mettre en œuvre le concept « Penser globalement, agir localement ». Partout se posent les mêmes questions : quel avenir pour notre environnement ? Quelle Terre léguerons-nous à nos enfants ? C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet « Demain Avijl  ».

Le plateau Avijl est situé entre la chaussée de SaintJob, la rue de Wansijn, la Vieille rue du Moulin, la Montagne de Saint-Job et la rue Jean Benaet. Il est un des derniers sites champêtres à Bruxelles et un véritable cœur de nature dans la ville. Il se caractérise par sa diversité : huit hectares et demi de vie sauvage, de sous-bois feuillus, de grandes prairies, de chemins bucoliques et de potagers.

L’importance du plateau n’est pas liée seulement à sa dimension écologique et paysagère mais également à son rôle social et à sa signification culturelle pour la population locale. Les habitants du quartier sont fortement attachés à ce coin verdoyant, enclavé au milieu d’un espace soumis à une forte pression urbanistique.

Fig. 1 : localisation du plateau AVIJL à Uccle, situation existante de fait en 2006

Or, depuis 1969, année au cours de laquelle la Commune est devenue propriétaire du plateau (qui est en zone constructible), une épée de Damoclès pend au-dessus de ce site naturel sous la forme de différents projets de construction de logements pensés par la Commune sous la forme de PPAS (Plan Particulier d’Affectation des Sols). Face à ces projets, les habitants se sont mobilisés. Cette mobilisation a réussi à faire diminuer le nombre de logements prévus et à faire classer par la Région, en mai 2014, les trois quarts de la surface du plateau.

Fig. 2 : Carte du PPAS 28 TER

Le projet actuel (PPAS 28 ter adopté en 2012) prévoit pourtant encore 200 logements (dont 50 sur le plateau) et deux parkings à ciel ouvert pour un total de 70 voitures.

C’est ainsi qu’est né le projet « Demain Avijl !

Face au PPAS 28 ter qui détermine entre autres l’affectation du dernier quart du plateau (celui qui n’a pas été classé en 2014), les habitants du quartier veulent dépasser l’attitude d’une opposition contre la Commune d’Uccle en proposant un projet alternatif baptisé « Demain Avijl ! ».
Ils choisissent de développer un projet qui, tout en préservant le maximum de surface naturelle (donc en repensant l’implantation des logements prévus), renforce également les traditions de convivialité, d’entraide et les liens sociaux du quartier.

Pour ce faire, les habitants dessinent un avant-projet qui propose :

  • de créer une ferme urbaine autosuffisante d’agro-écologie et de permaculture,
  • de modifier l’implantation des logements prévus par la Commune en les positionnant en périphérie du plateau et non plus à proximité de son cœur,
  • de transformer les parkings à ciel ouvert en parkings souterrains afin de préserver la continuité visuelle de l’espace naturel,
  • de réfléchir à une mobilité alternative autour du plateau,
  • de créer un théâtre de verdure,
  • de réaménager la plaine de jeux et le terrain de basket existants.

Pourquoi une ferme urbaine ?

Le développement d’une ferme urbaine permet de concilier les différentes potentialités du site (respecter le cadre bucolique et naturel, protéger les espèces végétales et animales présentes sur le site, créer de la cohésion sociale,…).

Son idée s’articule autour de cinq piliers :

  • Production maraîchère bio en circuit court : les techniques écologiques utilisées respectent la structure du sol et les micro-organismes, favorisent la biodiversité, diminuent les besoins en eau et luttent naturellement contre les parasites.
  • Autofinancement de la ferme : il sera assuré par la vente des produits aux habitants du quartier, aux restaurants et aux marchés locaux, à une épicerie coopérative et aux écoles du quartier.
  • Visites et formations pédagogiques  : elles seront organisées par les maraîchers euxmêmes et destinées aux écoliers et à toute personne intéressée ; elles porteront entre autres sur la permaculture et l’agro-écologie.
  • Insertion sociale : cette ferme sera un lieu de transmission de savoir-faire qui aura pour but de favoriser l’insertion sociale de jeunes et d’allocataires sociaux ; ces derniers, qui habiteraient les logements sociaux prévus, participeront aux travaux de la ferme.
  • Activités socio-culturelles : Extension des activités existantes, dont école des devoirs, cours de yoga, Qi Gong, Taï Chi, parcours d’artistes et "Montagne en sons". À quoi s’ajouteraient crèche, théâtre, musique, danse et contes pour enfants.

Repenser l’implantation des logements et des parkings pour conserver la qualité de l’espace naturel du plateau

Comme le laisse voir la carte du PPAS 28 ter, les 50 logements prévus empiètent largement sur les terres arables du plateau qui sont actuellement cultivées (voir fig.2). De plus, à ces logements prévus viennent s’ajouter en surface 70 places de parking qui occupent un espace considérable à l’arrière des nouvelles constructions et des maisons existantes.

Fig. 3 : Projet des Habitants « Demain Avijl »

Le projet élaboré par les habitants compte un nombre équivalent de logements mais propose une implantation des constructions dans des zones sans intérêt environnemental et mieux placées pour l’accès aux services publics (égouts, électricité, gaz, pompiers, etc). (voir fig. 3).

De plus, le projet respecte l’architecture du quartier et prévoit des logements intergénérationnels. Quant aux parkings, ils sont prévus en souterrain, notamment sous le terrain de basket, en privilégiant des emplacements pour voitures partagées, voitures électriques et des box à vélos. C’est bien sûr plus coûteux mais le résultat sera bien meilleur.

Aménagement d’un théâtre de verdure

A l’arrière des constructions à réaliser Vieille rue du Moulin, le talus de l’ancienne décharge pourrait être requalifié en étant transformé en gradins dont la pente donnerait à cet espace une allure de théâtre de plein air. Ce qui ferait oublier l’ancienne affectation de ce lieu !

Fig. 4 et 5 : La dimension écologique et sociale du plateau AVIJL

En conclusion :

Le projet des habitants vise à promouvoir la solidarité intergénérationnelle et multiculturelle, une caractéristique historique du quartier. Il entend contribuer aux objectifs d’autonomie alimentaire de la Région, dans le cadre de sa stratégie « Good Food ». Il veut préserver la qualité de vie et le patrimoine naturel du Plateau Avijl pour les générations futures. Il ouvre des perspectives nouvelles de partenariat entre les citoyens et leurs élus et apporte une réponse concrète au désir croissant de démocratie participative.

Fig. 6 : Un exemple de ferme urbaine à Bruxelles, la production maraîchère de la Ferme du Chant des Cailles à Watermael-Boitsfort. Source : http://www.chantdescailles.be/ les-poles/les-maraichers/

Des contacts ont été pris avec divers responsables politiques à la Région et à la Commune. Tous ont marqué un vif intérêt pour le projet et, pour certains, les propositions des habitants du quartier pourraient constituer une heureuse alternative.

Pour le Comité « Protection et Avenir d’Avijl »

Catherine Toussaint

3 août 2017