« EGOULAND » ! UN VILLAGE UCCLOIS D’IRRÉDUCTIBLES TIENT TÊTE À HYDROBRU !

Article paru dans la Lettre aux Habitants n°71, mars 2012.

Comment, durant toute l’année 2011, un petit village d’irréductibles habitants du haut de la rue Engeland, baptisée « Egouland » pour la circonstance, se sont unis et mobilisés face à l’envahisseur Hydrobru- Vivaqua, dans l’intérêt de tous !

La Commune d’Uccle est particulièrement concernée, car 90 % des rues où seront posés prochainement des égouts en Région bruxelloise, se trouvent sur son territoire. Le haut de la rue Engeland fut pionnière en 2011.

Tout a commencé fin 2010, par une invitation de nos édiles à une réunion d’information au cours de laquelle les habitants furent informés qu’un collecteur central serait posé dans leur petite rue très étroite, et qu’ils avaient l’obligation de s’y raccorder selon le prescrit de la directive européenne.

L’Intercommunale Hydrobru informa ensuite, par deux lettres circulaires successives, de la date du début des chantiers (10 janvier 2011) et d’une période de travaux de 96 jours ouvrables, du moins pour la première partie des travaux, la pose de l’égout central. Mais dès le lendemain une nouvelle lettre circulaire d’Hydrobru, intitulée « Avis aux habitants » apparut dans les boites aux lettres de tous les riverains. Celle-ci demandait de compléter un formulaire technique et invitait à payer pour le 1 er avril au plus tard la somme de 5.220,74 €.

Et non ! ce n’était pas un poisson d’avril, la lettre datait du 19 janvier ! Aucune précision motivant le montant exorbitant ne figurait en annexe. Les habitants s’estimèrent en droit d’obtenir au moins un justificatif du prix réclamé. Ils furent nombreux à écrire pour obtenir des précisions… qui ne furent jamais données. Il faut savoir que si Hydrobru n’a pu donner l’information, c’est parce qu’elle-même ne parvenait pas à l’obtenir de l’Intercommunale Vivaqua !

Ainsi donc Hydrobru est en charge des égouts dans les 19 communes … mais uniquement comme intermédiaire entre Vivaqua et les habitants !! Les services communaux eux-mêmes, restaient perplexes et communiquèrent au moyen d’une nouvelle lettre explicative, précisant que les habitants déjà raccordés ne devraient pas payer bien qu’ayant reçu la lettre circulaire d’Hydrobru.

Quant au montant réclamé pour les nouveaux raccordements, il couvrait uniquement les frais de raccordement entre l’égout central et la limite de propriété (ce qu’on appelle le raccordement privé en domaine public), la pose de l’égout central étant supportée par HYDROBRU . Par souci d’équité, il avait été décidé que le coût global serait « mutualisé », et que le prix unique fixé par Vivaqua et répercuté dans la lettre d’Hydrobru, correspondrait à la moyenne des raccordements effectués dans la rue. La facture finale pour les riverains devait évidemment encore s’alourdir des frais d’aménagement des égouts en terrains privés. Mais, toutes ces explications ne justifiaient toujours pas le montant excessif établi arbitrairement par le service technique de Vivaqua.

Une nouvelle réunion d’information fut programmée par la Commune, pour le 8 février, au cours de laquelle, curieusement, il fut annoncé qu’il y avait eu une erreur et que le montant réclamé était ramené à 4.042 €, toujours sans précision. Pour quelque 2 à 3 m. de raccordement, le montant semblait encore bien élevé. Mais de surcroît, il apparut que la profondeur de l’égout central avait été mal calculée et ne permettait pas à certains riverains d’avoir un raccordement sans une pompe de relevage.

N’obtenant pas de réponse, unissant leurs efforts et leurs compétences, les riverains décidèrent d’interpeller le Conseil Communal en février 2011, pour réclamer la transparence dans l’établissement du coût « mutualisé », la révision de la profondeur de l’égout pour permettre aux riverains concernés de se raccorder sans problèmes, et des facilités de paiement pour les personnes à revenus modestes.

Après de nouvelles propositions de prix revues à la baisse mais toujours imparfaitement justifiées, de nombreux courriers et appels téléphoniques durant toute l’année 2011, il fallut attendre la venue d’une nouvelle direction chez Hydrobru et la fin de l’année 2011 pour voir poindre une solution acceptable. Lors d’une ultime réunion, le 20 décembre 2011, en présence du directeur d’Hydrobru, du président du Conseil d’administration et du conseiller communal, administrateur ucclois à Hydrobru, il fut proposé un montant finalement réduit à 2.597 €, Hydrobru s’engageant à étendre ce forfait à toute la phase I des rues concernées par la pose de l’égout.

Pour ce qui est du chantier proprement dit, relevons qu’il y a un collecteur central et non deux, qui récolte les eaux usées comme les eaux de pluie. Pourtant la directive européenne et le plan pluie recommandent de séparer les eaux propres des eaux grises. Pourquoi surcharger encore les égouts et la station d’épuration alors qu’il s’agit de nouveaux raccordements ? Il fut répondu qu’un double égouttage coûterait trop cher !

Il faut aussi déplorer que les responsables publics en charge de la gestion des eaux, n’aient pas sauté sur l’occasion pour appuyer les mesures individuelles de récolte des eaux de pluie. D’autant plus qu’il existe une prime communale pour leur récupération via les sanitaires. Ceci aurait pourtant permis de réduire la charge sur les égouts des fonds de vallée qui, étant donné leur vétusté, en ont pourtant bien besoin.

Pour des travaux dans une rue si étroite, il y a eu deux adjudicataires : un pour l’égout central et l’autre pour les branchements individuels. Le premier dépavant, creusant rebouchant par du béton maigre provisoire et le second perçant le sol de béton maigre, recreusant, rebouchant plus ou moins de béton et d’agglomérat de toutes espèces pendant toute une année, si bien que des creux et affaissements se formèrent çà et là.

Curieusement ce second chantier se déplaça sans aucune logique, non pas de bas en haut ou de de haut en bas, mais un coup en haut, un coup à gauche puis plus bas un coup à droite, sans que personne ne comprenne pourquoi de nombreuses heures de travail se perdaient à monter et démonter le chantier, les panneaux de signalisation ou les engins. Finalement, pour poser une section d’égout de 500 m, 27 raccordements individuels, et refaire une bonne vingtaine de raccordements existants, il a fallu une année entière de travaux et beaucoup de patience de la part de tous !

Monsieur Yves Bourdeaux, nouveau directeur général d’Hydrobru, reconnut que notre quartier avait servi de « pilote » pour améliorer le système et surtout la communication avec les habitants. Dorénavant, les futurs habitants concernés par un nouveau raccordement, vont recevoir un formulaire technique leur demandant de préciser le point le plus bas du raccordement souhaité et ensuite les techniciens examineront les plans pour, à l’avenir, éviter les problèmes de relevage (pompes) que connaissent certains habitants d’ « Egouland ». Un même entrepreneur s’occupera de l’égout central et des raccordements individuels, ce qui permettra de réduire les coûts et la durée des travaux. Un volet social et des facilités d’étalement des paiements sont instaurés. Toutes ces mesures serviront pour les 5.000 logements qui doivent encore être raccordés à Bruxelles.

Si nous avons servi de pilote pour améliorer la communication et le système, on aimerait pouvoir dire qu’à l’avenir les habitants ne seront plus pris pour des « pigeons à plumer ». Même si le dernier montant réclamé semble nettement plus raisonnable, il n’a jamais été justifié de manière précise par VIVAQUA selon la formule de mutualisation. N’importe quelle entreprise de service doit justifier son prix par devis ou facture détaillée. Pourquoi une entreprise publique devrait-elle y échapper ? Comment se peut-il qu’ Hydrobru - à qui les communes bruxelloises ont délégué leurs devoirs et pouvoirs - n’a pas les moyens d’obtenir de VIVAQUA, la transparence en matière de coûts qui sont répercutés sur les citoyens ?

Quant à la réfection de la rue « à l’identique » avec ses anciens pavés séculaires, elle est promise par la Commune pour 2012. Espérons qu’elle pourra garder cet aspect un peu suranné et hétéroclite qui fait son charme. C’est en tout cas le souhait des riverains qui demandent sa réfection à l’identique, comme promis.

Pour les riverains d’ Egouland,

P. Dayez, M. Hauet, D. Demaret, P. Van Billoen, T. Verteneuil, A. Didier, M. Simon.

20 février 2012