AVENUE CHURCHILL 228 ET 228A, VILLA « LE PUY FLEURY » NOTE ARCHITECTURALE ET HISTORIQUE

L’ARCHITECTE

Si l’architecte E. J. Missu (1899-1945) est peu connu en Belgique c’est parce qu’il a effectué la plus grande partie de sa carrière à l’étranger notamment en Chine pour le compte du Crédit Foncier d’Extrême-Orient ou encore au Congo Belge au service de la Compagnie Foncière du Katanga. Ce manquement historiographique est évidemment regrettable d’autant plus que le potentiel d’étude est d’une très grande richesse.

IMPLANTATION

La propriété du Puy Fleury constitue un des derniers exemples qui témoigne du « Park system » système urbanistique mis en œuvre autour de la capitale et notamment aux abords du bois de la Cambre. Les immeubles (4 façades ou jumelés) étaient censés y être disposés en ordre dispersés au sein d’une enfilade de grands parcs privés. Ce système, tout comme le principe des cités jardins, était directement inspiré de réflexions urbanistiques issues d’Angleterre. Il ne reste avenue Churchill que 4 villas représentantes de ce premier projet d’aménagement de l’avenue.

ESTHÉTIQUE TRÈS BRITISH

L’influence anglaise est au cœur du programme et de la conception de cette villa. L’esthétique architecturale tant des façades que de l’intérieur reflètent assez exceptionnellement cette influence. La pièce principale de l’immeuble est un vaste Hall au centre duquel abouti l’escalier. La salle à manger est traitée en style classique (inspiré de l’œuvre de Robert Adam) alors que chez nous à la même époque on aurait plutôt choisi un style néo renaissance flamande plutôt sombre. A l’inverse le Hall est lambrissée de panneaux de bois alors que chez nous on aurait plutôt eu tendance à choisir un style beaux-arts d’influence française.

UNE ŒUVRE TOTALE

Abstraction faite des choix esthétiques, notons que la réalisation, depuis la conception d’ensemble jusqu’au travail artisanal est exceptionnel : les matériaux et les finitions sont de très grande qualité et les volumes tant extérieurs qu’extérieurs font preuve d’une grande originalité. Il s’agit réellement d’une Œuvre totale. Dans ce sens l’approche architecturale s’inscrit pleinement dans la même veine contextuelle de l’art nouveau et de l’art déco, mouvements qui eux même ont été inspirés du mouvement Art and Craft également en provenance de l’Angleterre. Les vitraux sont extrêmement raffinés tout en affichant une composition très sobre. De même pour les plafonds moulurés et autres aspects de la décoration. Le choix des matériaux est riche et très diversifiés. De nombreux marbres belges ont été utilisés à l’intérieur.

A LA POINTE DE LA TECHNIQUE

Malgré son aspect pittoresque et historicisant, l’immeuble était pour l’époque à la pointe du progrès technique. L’ascenseur était dès le départ prévu. Remarquons que les lames de ciment qui forment le faux colombage en façade constituent alors un produit nouveau utilisé expérimentalement et dont l’usage rationnel avait notamment des objectifs de protection et d’isolation.

Ci-dessus : plan du rez-de-chaussée de la Villa (archives de la commune d’Uccle) Cliquez sur le plan pour l’agrandir.

4 mai 2013