AH, LE JOLI MOIS DE MAI !

Article paru dans La Lettre aux Habitants n°76, juin 2013

MARDI 28 MAI 2013 :

  • Marc : « Je suis rentré peu avant 18 h, venant du centre d’Uccle où l’orage a été plus discret, l’avenue De Fré n’a pas été sous eau, ni la rue Rouge. Ce n’est qu’arrivé en bas de la rue du Repos que j’ai vu ... la rivière et les devants des maisons sous eau... »
  • Fabienne : « L’orage fut court, et dès la fin, la chaussée [de St Job] s’est transformée en rivière, comme d’habitude … »
  • Laurence : « Certains piétons que je croisais en rentrant chez moi (avec un p’tit stress...) parlaient d’eau jusqu’aux genoux. »
  • Antonella : « (…) suite à l’orage, quasiment tous nos voisins (av.du Prince de Ligne) ont eu leurs caves inondées. »
  • Fabien : « Un orage, une inondation... rien de neuf à UCCLE ... Ah tiens, si ! Une FONTAINE au milieu de la chaussée Saint-Job, en voilà une bonne idée. » :

vidéo de la Chaussé de St Job ce 28 mai 2013, à hauteur de l’école communale, entre Brico-Job et Sequoia.

vidéo de Télé-Bruxelles. Une ixième fois inondés, les victimes n’ont même plus la possibilité de s’assurer.



Ainsi donc, le jeudi 23 mai et surtout le mardi 28 mai, plusieurs quartiers d’Uccle ont à nouveau fait les frais d’événements pluvieux de très forte intensité. Un orage est un phénomène limité et local, malheureusement la vallée de Saint-Job n’a cette fois pas été épargnée après y avoir échappé depuis presque deux ans.

Notons d’emblée que certains progrès ont été constatés depuis les inondations calamiteuses d’août 2011 pour ce qui est de la prévention ponctuelle sur le terrain :

CHAUSSÉE DE ST JOB :

  • « J’habite chaussée de St job face à la rue Jean Benaets, et j’ai eu 40 cm dans la cave, au lieu des 60 cm minimum habituels. Peut-être un point positif pour la commune : la rue et les égouts de la chaussée ont été nettoyés ce matin et la semaine dernière pour ce qui concerne la rue Jean Benaets. Je pense que cela a eu une incidence. Les pompiers sont quand même intervenus en face de chez moi. »

Les mentalités en matière de gestion des eaux changent donc, ce qui est une bonne chose. Ceci-dit rappelons qu’une politique d’intervention sur le réseau hydraulique (cours d’eau, réseaux d’égouttage et abords immédiats) ne peut être efficace que si elle se conçoit au sein d’une politique urbanistique générale, intégrée et cohérente.

Il ne faudrait pas que le bénéfice que l’on espère obtenir à l’issue de la mise en œuvre de travaux hydrauliques, parfois colossaux et coûteux , soit indirectement annihilé par la sous-estimation de certaines autres interventions urbanistiques.

Les orages de ce mois de mai montrent à quel point il est parfois difficile de juger l’impact que peuvent avoir certains travaux d’urbanisme sur les phénomènes hydrauliques. Les constatations sur le terrain, qui nous ont été communiquées par certains habitants, indiquent à quel point les pouvoirs publics doivent faire preuve de prudence en la matière et s’en tenir plus systématiquement au Principe de
Précaution
 :

AVENUE DU SILENCE :

  • « A chaque orage, depuis la rénovation de l’avenue complètement cimentée, asphaltée et bétonnée, j’ai mes caves inondées...et jamais les 18 années précédentes. J’avais été à la commission de concertation pour signaler que la dolomie existante à l’époque était un bon tampon pour absorber la pluie. Mais la commune voulait une avenue « netje »…

QUARTIER ENGELAND :

  • Un riverain du chemin du Puits s’interroge : « 1500 arbres viennent d’être abattus en amont sur le plateau Engeland, faut-il y voir une corrélation avec le torrent d’eau qui a dévalé ce 28 mai sous le petit pont de la rue des Bigarreaux ? »

Il est vrai que les arbres sont nos alliés dans la gestion des inondations ; leur frondaison recueille et retient une grande partie des pluies. La question de la corrélation avec l’abattage des 1500 arbres est d’autant plus pertinente qu’en 2012 Vivaqua avait préventivement effectué des travaux à la hauteur du petit pont en vue d’y adapter l’égouttage aux débits mesurés à l’époque [1]. Maintenant que le plateau Engeland est défriché et mis à nu, la modélisation de Vivaqua est-elle à recommencer ? Et que penser alors des nouvelles voiries et des 298 logements que l’on projette d’implanter à la place du bois ?


QUARTIER MYOSOTIS :

« Nous avons aménagé les sous-sols de notre maison (rue des Myosotis) qui donnent sur le jardin à une époque où les caves étaient 100% sèches.  » Cliquez sur l’image ci-dessous pour visionner la vidéo :

« Avant les travaux de construction du complexe des Hauts-Près [en face de la gare de Calevoet], le quartier ne connaissait pas d’inondation si ce n’est dans le bas de la rue Michiels et rue de Stalle dans le goulet. » Notons que la Société BPI, auteur de la promotion immobilière des Hauts Près, prévoit très prochainement d’étendre leur lottissement sur un vaste prairie, anciennement plaine de jeux pour les enfants du CPAS de la ville de Bruxelles (photo ci-dessous). Inexorablement, l’imperméabilisation des sols progresse donc ...

RUE ZWARTEBEEK :

  • Un riverain nous signale que des eaux usées, sortant des canalisations intérieures (wc, éviers, baignoire, …) et provenant du vide ventilé ou des caves, ont envahi et souillé le rez-de-chaussée de son locataire. En 40 ans il n’a jamais vu cela !

D’après le site de Flowbru , le constat est flagrant : à l’intérieur du collecteur du Swartebeek, les schémas démontrent à l’évidence des pics plus élevés que ceux habituellement recensés pendant les gros orages. Il existe donc forcément une cause matérielle nouvelle, un changement dans l’environnement, à l’origine de cette situation.
Notons que, à un jet de pierre de là, les maisons du goulet de la rue de Stalle, côté pair, n’ont pas connu de problème cette fois-ci, alors qu’elles étaient généralement inondées à chaque gros orage.

Les problèmes liés à l’eau semblent donc se déplacer au gré des diverses interventions urbanistiques réalisées dans ce quartier situé en aval tant de la vallée de l’Ukkelbeek que de celle du Geleytsbeek, et donc encore probablement plus exposé que les autres quartiers aux inondations.

Est-il vraiment raisonnable de continuer à octroyer des permis d’urbanisme et d’environnement pour des projets ayant un impact sur le sous-sol (déviations de canalisations, abattages d’arbres particulièrement hydrophiles, imperméabilisation, urbanisation en intérieurs d’îlot, etc…) tant que la situation hydraulique dans les trois bassins versants de la commune n’a pas été, une fois pour toute, clarifiée et puis maitrisée ? Rappelons par exemple que le tracé souterrain de l’Ukkelbeek n’est toujours pas identifié avec précision !

Uccle n’est pas Prague, il y a néanmoins matière à être prudent …

4 juin 2013