2.1. Intensité des pluies liées au réchauffement climatique ?

Article paru dans la Lettre aux Habitants n°74, décembre 2012.
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Les observations des climatologues
et de nombreux scienti-
fiques établissent une relation
entre un climat plus chaud et
une augmentation des précipitations extrêmes.

Différents articles publiés dans la
revue Nature constatent que les
données satellitaires, les observa
tions de terrain et les simulations climatiques vont toutes
dans le même sens : une augmenta
tion des températures entraine
une augmentation de
l’évapotranspiration des végétaux
et de l’évaporation en surface
des mers et océans.

Cependant, les précipitations
résultant de l’évaporation ne
vont pas nécessairement augmenter
dans les régions où les
pluies sont faibles et certaines
régions risquent, au contraire, de
devenir plus sèches.

En outre, les précipitations vont
être plus violentes dans les régions
où il pleut déjà beaucoup.
Les études de référence consultées
dans le cadre des annexes
au Plan Pluie de Bruxelles Environnement
n’aboutissent pas à
la même conclusion. Leurs auteurs
estiment ne pas pouvoir se
prononcer sur l’évolution de la
fréquence et de l’intensité des
phénomènes extrêmes, comme
par exemple les pluies intenses
et abondantes.

Le graphique ci-dessus (Tricot et Brouyaux
2007) illustrant la valeur annuelle
maximale de la quantité
de précipitations tombées en
une heure entre 1900 et 2005, ne
confirme en effet pas une augmenta
tion des événements extrêmes.

Un autre graphique présenté
par ces auteurs montre que la
quantité cumulée des précipita
tions sur 7 jours est en augmenta
tion. Les études concluent
cependant à une augmenta
tion des précipitations
hivernales comprise entre 5 et
15 % à l’aube de 2005 tout en
estimant que les précipitations
estivales pourraient aussi bien
diminuer de 20 % qu’augmenter
de 5 %.

Quoique l’été 2011 ait été particulièrement pluvieux et marqué
par de nombreux événements
orageux, les scienti-
fiques font preuve d’une extrême
prudence dans leurs
conclusions.

Aussi, s’il semble empiriquement
y avoir une augmentation
des pluies intenses, nous ne
pouvons nous baser avec certitude sur ce phénomène
pour expliquer les inondations
récentes.

Mais les scientifiques belges
interrogés par les médias en
décembre 2011, dans le cadre
de la conférence sur le climat
de Durban, estiment que les
épisodes pluviaux seront plus
nombreux et plus intenses,
tout comme les sécheresses.


LA PRÉVISION DES PLUIES DE FORTE INTENSITÉ.

Les périodes de canicules en
France ont souvent pour conséquence
des pluies orageuses en
Belgique, provoquées par la forte
évapotranspiration et le contraste
de température avec un
front plus frais ; les inondations
du mois d’août 2011 s’expliquent
par des orages qui ont cette origine
climatique.

Mais cette situation géoclima
tique n’est pas neuve, elle
concerne nos régions depuis des
centaines d’années ; elle se produit
simplement plus souvent car
il y a plus de canicules qu’auparavant.

Aujourd’hui, ces phénomènes
extrêmes sont facilement prévisibles.
Les radars couplés aux
satellites permettent même de
suivre la progression des zones
de pluies et donc de pouvoir prédire
tant leur importance que les
zones concernées et le moment
où elles se produiront. Ainsi les
internautes connectés sur des
sites tels que
www.buitenradar.nl ou celui de
l’IRM ont pu suivre en temps réel
l’approche de la zone de pluie sur
l’écran de leur ordinateur et
n’ont pas été surpris lorsque la
nuit est tombée vers 10 h, en
plein jour, ce mardi 23 août
2011.

Ces pluies étaient-elles réellement
exceptionnelles alors qu’un
phénomène similaire s’était produit
4 jours auparavant, le 19
août ? Deux pluies décennales,
ou centenaires en moins d’une
semaine, est-ce crédible ? Peut-être,
mais cela ne suffit pas à expliquer
l’intensité des inonda-
tions qui ont suivi.

Deux pluies décennales, ou centenaires en moins d’une semaine, est-ce crédible ?